"Pour lui éviter 6 à 8 heures d'attente aux urgences, vous passez trois quarts d'heure au téléphone"
Aucune place disponible en réanimation en Seine-Saint-Denis il y a deux jours. Résultat : un patient est envoyé à plus de 35 kilomètres de chez lui pour être pris en charge. Un exemple loin d'être isolé selon le porte-parole des Médecins urgentistes de France, Christophe Prudhomme : "récemment, on a hospitalisé des patients âgés qui nécessitaient un lit de médecine dans des lits de gynécologie".
Un problème qui empiète jusque dans les cabinets. Sylvain Hirsch, médecin généraliste à Paris, a été obligé à deux reprises en début de semaine dernière de remuer ciel et terre pour trouver des lits à deux de ses patients. Comme pour cet homme de 70 ans avec des risques cardiovasculaires : "pour lui éviter 6 à 8 heures d'attente aux urgences, vous passez trois quarts d'heure au téléphone, avec une gentille ministre de la Santé qui vous indique que maintenant, en vous donnant 5 ou 10 euros de plus par consultation, ça va être très bien si vous pouvez faire ce boulot-là".
Les médecins craignent, à terme, des risques sur la santé des patients
Des salles d'attente pleines à craquer, des salles d'examen toutes occupées et des médecins qui s'agacent entre eux de ne pas trouver de lits disponibles. Sylvain Hirsch, qui travaille aussi aux urgences de l'hôpital Saint-Louis dans la capitale, craint à terme des risques sur la santé des patients : "le discours est toujours le même : 'on s'en charge, on va faire une réunion de crise', et au final, ça ne change pas grand chose".
Une situation qui n'est pas près de s'améliorer cette année : le déficit des hôpitaux s'apprête à dépasser le milliard d'euros.