Chirurgie esthétique proposée sur les réseaux sociaux : "ces pratiques sont extrêmement dangereuses"
Une tendance qui prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux inquiète les professionnels de santé, et plus particulièrement les chirurgiens esthétiques : des personnes proposent des services assimilables à de la chirurgie sans avoir de diplôme et dans des conditions qui ne respectent pas les règles sanitaires. Un véritable danger pour les patients, attirés par des prix moins élevés. Jean-Baptiste Andreoletti, secrétaire général adjoint du syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (SNCPRE) explique que "c’est un phénomène nouveau, un petit peu à l’image de ce qui se faisait avec les injections illégales". Ces opérations sont menées par "des gens qui ne sont pas diplômés, pas compétents", dénonce-t-il. Les actes sont proposés dans "des appartements, des lieux tout-à-fait incongrus". "Nous, on voulait alerter l’ensemble de la population, parce que ces pratiques sont extrêmement dangereuses." Le matériel utilisé risque en effet de ne pas être stérile, tandis que les conditions de ces opérations sont "extrêmement précaires". "L’asepsie n’est qu’un mot très lointain", souligne Jean-Baptiste Andreoletti.
Outre les injections, il y a également de véritables opérations de chirurgie proposées sur les réseaux sociaux. "On a vu sur les réseaux sociaux des images de gens qui font des liposuccions du cou", par exemple. Or, rappelle le chirurgien, dans le cou passent "de très gros vaisseaux" sanguins. "Un coup de canule mal placé dans un vaisseau, ça peut être mortel, tout simplement."
"Si on vous donne un rendez-vous sur Instagram, sur TikTok, à priori c’est pas très classique. Donc ça doit inciter à se dire ‘c’est clandestin’"
Sans surprise, ce sont les tarifs qui attirent les patients. Quant à ces faux praticiens, "c’est une usurpation de fonction qui reste très féminine", souligne le secrétaire général adjoint du SNCPRE. Elles "se font passer pour de faux docteurs" et "opèrent avec des bijoux encore en place". "Inutile de vous dire qu’on est dans des conditions qui sont absolument impensables", dénonce Jean-Baptiste Andreoletti qui confirme qu’il s’agit "d’une escroquerie". Et si l’argument des tarifs fait mouche, le chirurgien prévient : "parfois, ils ne sont pas si attractifs que ça". Sans compter les risques pour la santé.
"Il y a des signes qui doivent alerter", souligne le Dr Andreoletti. "Si on vous donne un rendez-vous sur Instagram, sur TikTok, à priori c’est pas très classique. Donc ça doit inciter à se dire ‘c’est clandestin’". De même, les rendez-vous dans des lieux qui ne sont pas "répertoriés" ou qui sont "décidés au dernier moment", il s’agit probablement de faux médecins. "Et puis, les praticiens doivent travailler dans des conditions d’asepsie", rappelle le docteur, donc dans une salle préparée pour éviter toute contamination. "En cas de doute, il faut se renseigner auprès de l’ordre des médecins."
La justice, de son côté, patine, notamment à cause du mode opératoire de ces faux chirurgiens : réseaux sociaux et rendez-vous au dernier moment. Et, de plus, "on a du mal à obtenir des témoignages de la part des victimes", explique Jean-Baptiste Andreoletti qui préfèrent "ne pas en parler", notamment par peur de la honte. "Moi, je voudrais juste inciter toutes les personnes qui ont pu subir des interventions chirurgicales de ce type-là dans des conditions précaires, à le signaler, à venir témoigner auprès des forces de l’ordre, auprès de chirurgiens. On a besoin de témoignages !" Objectif : les collecter et monter un dossier pour faire cesser ces pratiques.
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