Seuls des "effets vestimentaires" d'origine inconnue ont été trouvés lors des fouilles dans l'Yonne du "cimetière" du tueur en série Émile Louis, qui ont pris fin vendredi, a indiqué le parquet, au grand dam des parties civiles qui exigent la poursuite des recherches.
Plus de quarante ans après les faits, ces fouilles visaient à retrouver les restes d'une possible huitième victime du meurtrier, décédé en 2013 à 79 ans: Marie Jeanne Ambroisine Coussin, disparue en 1975. Sa voûte crânienne avait été découverte en 2018 sur le site où les recherches viennent de se conclure.
"Les fouilles s'arrêtent", a annoncé à l'AFP le procureur de la République à Auxerre, Hugues de Phily, après onze jours d'opérations qui n'ont permis de découvrir que des "effets vestimentaires".
Ni leur datation, ni leur origine ne sont connues. Des analyses sont en cours, avait précisé le procureur lors de l'annonce de cette découverte, mardi, appelant à "ne pas la surinterpréter".
L'arrêt des fouilles, qui était prévu ce vendredi, a été vivement critiqué par les familles des victimes.
"Il faut continuer jusqu'à ce qu'on trouve", a estimé auprès de l'AFP Pierre Monnoir, président de l'association de défense des handicapés de l'Yonne (les victimes du tueur en série étaient des handicapées mentales). "Il y a des vêtements donc il y a des corps", croit-il.
"On veut que les fouilles se poursuivent", a abondé Didier Seban, avocat de la famille de Mme Coussin, disparue à environ 40 ans.
- "pas anecdotique" -
"Il faut donner des réponses aux familles", a-t-il estimé, jugeant que la découverte des vêtements n'était "pas anecdotique", d'autant plus qu'un nouveau témoin, qui n'avait jusqu'alors pas été entendu, s'est présenté spontanément pour désigner un endroit précis situé dans le site fouillé où il a dit avoir aperçu "à plusieurs reprises" Émile Louis.
"Son témoignage est important. Il a dû orienter les fouilles", a estimé Me Seban.
Selon M. Monnoir, "plus de 40 vêtements ou objets" ont été trouvés. "Ca veut bien dire que cette zone n'avait pas été suffisamment fouillée", selon lui.
"Il faut vraiment aller jusqu'au bout. Les familles le méritent, celle de Mme Coussin et celles des cinq corps des victimes connues non encore retrouvés", a-t-il ajouté, en référence aux cinq jeunes femmes âgées de 15 à 27 ans, disparues entre 1975 et 1979, dont la dépouille n'a toujours pas été retrouvée.
"Et peut-être d'autres" victimes non encore connues du tueur en série, selon M. Monnoir.
La zone fouillée couvre un bois d'environ 8.000 m2 à Rouvray, proche d'Auxerre, autrefois désigné par Émile Louis comme lieu où il aurait caché des corps.
Ce n'est cependant pas à cet endroit précis, mais "dans un autre bois situé à 400-500 mètres", selon le parquet, que deux de ses sept victimes connues avaient été déterrées, au début des années 2000: deux femmes âgées de 18 et 21 ans et disparues en 1977.
Leurs corps sont les seuls à avoir été retrouvés, mais le tueur en série avait été condamné à la prison à perpétuité en 2004 pour la mort de sept femmes au total.
AFP / Dijon (AFP) / © 2024 AFP