Alors que le syndicat Sud-Éducation 93 compte organiser des stages antiracistes interdits aux blancs, la députée (France Insoumise) de Paris, Danièle Obono, a jugé ce vendredi matin sur Sud Radio que la non-mixité n’était pas "dangereuse" et faisait partie des moyens d’actions de certains mouvements sociaux. "La question est de savoir de quel outil on se dote pour pouvoir organiser des débats, échanger et discuter. Cette pratique répond à des besoins de catégorie", a-t-elle précisé. Des propos qui ont fait réagir le philosophe et essayiste Alain Finkielkraut, invité de l’émission La Voix de Bilger sur Sud Radio.
"La gauche Charlie a décidé de se défendre, c’est une très bonne nouvelle"
"Ces propos sont absolument consternants et montrent le délire d’une certaine gauche. L’un des mérites de la querelle entre Charlie Hebdo et Edwy Plenel est bien de montrer qu’il y a deux gauches irréconciliables, comme dirait Valls, et la gauche Charlie a décidé de se défendre et de rendre coup pour coup. C’est une très bonne nouvelle. Je ne sais pas si elle l’emportera, mais il est bon qu’une autre gauche se fasse entendre que celle représentée par Danièle Obono, parce que nous sommes ici dans une sorte de délire antiraciste. Un antiracisme qui organise des débats interdits aux blancs, c’est complètement sidérant. Le fondement de l’antiracisme, c’est l’égale dignité de toutes les personnes et l’idée d’humanité universelle. Il est normal que ce soit le fondement de nos sociétés après ce qu’il s’est passé pendant la Seconde Guerre mondiale. On a vu la racisme apocalyptique se déchaîner à ce moment-là. Mais là, l’antiracisme se renverse en son contraire, c’est absolument terrible", assure-t-il au micro de Philippe Bilger.
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— Sud Radio (@sudradio) 24 novembre 2017
"Bientôt, la Seine-Saint-Denis et peut-être l’Île-de-France seront judenrein !"
Selon lui, la pensée de Danièle Obono s’inscrit dans un contexte intellectuel plus global en vogue dans une certaine partie de la société. "Le problème, c’est que Danièle Obono est très soutenue. J’ai lu ce matin une tribune qui m’a affligé. Dans Libération, un certain nombre d’intellectuels ont dénoncé le lynchage médiatique dont elle et Houria Bouteldja feraient aujourd’hui l’objet. Cette tribune dénonce un racisme d’État à l’égard des populations des quartiers dits sensibles ou difficiles. C’est extrêmement grave. Il n’y a pas de racisme d’État en France, c’est une absurdité. Ce discours fait l’impasse sur le choc civilisationnel auquel nous sommes confrontés ainsi que sur le développement d’un racisme et d’un antisémitisme venu de ces milieux-là. Le discours de Danièle Obono et de cette gauche prétendument progressiste est fondé sur une analogie entre la situation des musulmans aujourd’hui et celle des Juifs dans les années 1930. Simplement, il faut préciser qu’il n’y avait pas de terroristes se réclamant du Talmud dans les années 1930, et surtout il y a aujourd’hui un antisémitisme qui se réclame directement de l’islam. (…) Dans quelques années, la Seine-Saint-Denis et peut-être bientôt l’Île-de-France seront judenrein ! Les Juifs s’en vont de manière massive parce qu’ils ne sont pas en sécurité", clame-t-il.
Retrouvez en podcast toute l’interview d’Alain Finkielkraut dans La Voix de Bilger