Frédéric Valletoux était l'invité de Patrick Roger le 18 mai 2020 dans l’émission "C’est à la une" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10.
L’activité Covid-19 diminue, les patients atteints d’autres pathologies reviennent
"La situation dans les hôpitaux est contrastée. Il y a des hôpitaux qui continuent à être à des niveaux de prise en charge bien au-delà du niveau habituel, notamment en Île-de-France et dans le Grand Est. Dans les hôpitaux, on voit arriver chaque jour des patients nouveaux touchés par le Covid-19.
Il y a un sentiment d’attente et d’inquiétude de la part des hospitaliers parce que, même si l’activité Covid-19 est en train de diminuer, elle reste à un niveau élevé. En plus, la vie des autres maladies ne s’est pas arrêtée. Il y a beaucoup d’opérations qui ont été déprogrammées et reportées à plus tard quand elles n’étaient pas essentielles. Toute cette activité-là, il faut y faire face. On passe d’une activité soutenue autour de l’épidémie à une activité qui reste soutenue en lien avec toutes les autres pathologies. Il commence à y avoir beaucoup de fatigue", a expliqué Frédéric Valletoux.
"S’il n’y avait que des médailles, la tentation serait de les rendre"
Interrogé sur l’hommage aux soignants prévu le 14 juillet 2020, Frédéric Valletoux a répondu : "je l’apprécie diversement. La question de fond, et ce qu’attendent vraiment les hospitaliers, c’est qu’on règle les problèmes de l’hôpital, qu’on esquive depuis dix ans. On met des pansements là où on sait qu’il faut des remèdes beaucoup plus radicaux. Les gens attendent plus le grand rendez-vous qu’a annoncé le président de la République autour de l’hôpital (améliorer les carrières et les rémunérations) plutôt que des médailles. S’il n’y avait que des médailles, je pense que la tentation serait de les rendre. Il y a un grand chantier qui arrive, et c’est ça surtout qu’attendent les gens".
"Il y a des questions de fond qu’il faut traiter"
"On sait que si on veut garder un système de santé comme le nôtre (universel, accessible), avec l’hôpital comme sa colonne vertébrale, il faut résoudre les problèmes de fond que sont le niveau de rémunération, le financement et le manque de personnel. 30% des postes à l’hôpital, aussi bien de médecins que d’infirmiers que d’aides-soignants, ne sont pas pourvus. Le premier des déserts médicaux en France, c’est l’hôpital. Comment donner envie aux jeunes de venir faire carrière à l’hôpital ? C’est une question de fond.
Et puis il y a les problèmes de la médecine de ville. Pourquoi y a-t-il tant de personnes aux urgences ? Est-ce que la médecine de ville ne peut pas prendre en charge ? Et encore, faut-il que les jeunes aient envie d’être médecins généralistes. Les applaudissements à 20 heures, c’est bien. Les médailles, c’est sympa. Les primes, c’est sympa aussi, et tant mieux. Mais cela ne suffit pas. Le grand rendez-vous de cet été est nécessaire et attendu", a déclaré Frédéric Valletoux.
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