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Garrots, boxe et rameur, le parcours du combattant médical pour intégrer le Raid

Dans une ancienne chapelle transformée en salle de sport, "Thunderstruck" d'ACDC s'élève: quatorze candidats, dont une femme, passent les tests de sélection des médecins appelés à exercer au sein du Raid, unité d'élite de la Police nationale française.

Emmanuel DUNAND - AFP/Archives

Dans une ancienne chapelle transformée en salle de sport, "Thunderstruck" d'ACDC s'élève: quatorze candidats, dont une femme, passent les tests de sélection des médecins appelés à exercer au sein du Raid, unité d'élite de la Police nationale française.

Agés de 29 à 45 ans, médecins urgentistes ou hospitaliers, ils ont trente-six heures pour convaincre le Raid (pour Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) de leur offrir une des trois places en jeu.

Installés à Bièvres (Essonne), QG du Raid, les candidats passent au banc d'essai afin de démontrer leurs aptitudes techniques une fois poussés à bout.

Dans la chapelle, les apprentis suent, ahanent, éclairés par les vitraux et encouragés par leurs encadrants: "Allez, tu lâches pas! Plus que six répétitions!", "T'es pas loin, va chercher!", "Accroche-toi, pousse sur les bras"... La journée, à haute intensité, a débuté vers 7H30 par un footing de cinquante minutes. Avant de passer aux choses sérieuses.

"On leur demande évidemment d'avoir une bonne condition physique, même si ce n'est pas la priorité. L'objectif de ces exercices, c'est de les mettre dans une zone rouge pour voir leur lucidité médicale et leur capacité à réaliser des gestes médicaux de réanimation dans un contexte qui n'est pas le leur habituellement", justifie Charles (*), un des médecins du Raid.

Intégré complètement au Raid, le service médical a fait son apparition dans les années 90, lors de la prise d'otages de la maternelle de Neuilly en mai 1993, avant d'être mis en lumière lors des attentats jihadistes des années 2015 et 2016, de l'Hyper Cacher à Vincennes à l'assassinat de policiers à Magnanville, en passant par le Bataclan.

"On essaie de se rapprocher de ce qu'on a l'habitude de voir en intervention, c'est-à-dire de la traumatologie sévère, des blessures par balle... On va focaliser notre attention sur tous les gestes de contrôle des dégâts, la pose de garrots ou de pansements compressifs, l'exsufflation ou l'intubation...", ajoute Charles.

- "Engagement et action" -

Entre un combat de boxe, une intense séance de rameur ou un parcours du combattant dans la forêt, pas le temps de souffler: les prétendants doivent en effet répondre à des questions médicales, intuber un mannequin ou lui poser un garrot et expliquer comment ils soigneraient telle ou telle blessure.

Le logo du RAID à Bièvres, en banlieue parisienne, le 21 septembre 2017

Le logo du RAID à Bièvres, en banlieue parisienne, le 21 septembre 2017

JACQUES DEMARTHON - AFP/Archives

Le but est de repousser les limites, de tester le sang-froid et l'état d'esprit des candidats autant que leurs connaissances médicales et leur capacité d'adaptation. "Le rôle du médecin, c'est évidemment de porter secours aux opérateurs et à la population mais c'est surtout d'être capable de prendre des décisions dans une situation de stress", explique Manu (*), un autre médecin de l'unité, avant de rappeler qu'un médecin du Raid en opération doit porter une trentaine de kilos.

Alors, pas question de lâcher pour Louis (*), qui garde encore les traces du combat de boxe qu'il vient de livrer. "J'ai essayé de donner le meilleur de moi-même, d'être combatif jusqu'au bout... J'ai pris un beau coup dans le foie qui m'a séché deux petites secondes mais j'ai essayé de repartir tout de suite", raconte ce trentenaire, médecin-anesthésiste-réanimateur dans le civil.

Isabelle (*), la seule femme du groupe, ne dit pas autre chose. "J'ai toujours cherché de l'engagement et de l'action dans mes choix de travail. Là, je pense qu'on peut pas avoir plus d'engagement et d'action qu'au Raid. Il y a aussi quelque chose qui est peut-être un peu désuet mais je trouve que la défense de notre pays, c'est quelque chose d'important", estime celle qui se présente pour la deuxième fois aux épreuves de sélection. "C'est vraiment physique mais pas que... C'est tout autant intellectuel."

(*): les noms de famille ne sont pas mentionnés pour des raisons de sécurité

Par Nicholas MC ANALLY / Bièvres (France) (AFP) / © 2024 AFP

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