Gérald Pandélon a défendu de nombreux trafiquants et délinquants du grand banditisme. De son expérience, il analyse de l'intérieur ce phénomène de trafic de stupéfiants qui s'est installé dans les cités.
Une évolution du grand banditisme
Sorti de science politique, docteur en droit public et administratif, il s'attendait davantage à "voir affluer dans mon cabinet des personnes en délicatesse avec la justice administrative, des marchés publics, des hauts fonctionnaires", lors de ses débuts en tant qu'avocat. Mais en réalité, dès le début de sa carrière, Gérald Pandélon a eu l'opportunité de défendre un parrain, qu'il a réussi à faire relaxer. "À partir de là, c'est un phénomène boule de neige, il m'a présenté ses amis, puis ça a été déterritorialisé, puisque ce fut d'abord à Paris, puis Lyon, Marseille, Perpignan, puis les grandes villes connues pour être des grandes villes où un certain nombre de personnes ont maille à partir avec la justice pénale et la justice criminelle", raconte-t-il.
Désormais les délinquants "sont des figures éclatées du grand banditisme qui sont essentiellement situés géographiquement dans les cités", détaille l'avocat. Du banditisme corse "tel qu'on l'a connu au XIXe siècle", de la French Connexion dans les années 1950, 1960 aux années 1980, "une autre forme de banditisme s'est installée géographiquement dans les cités", insiste-t-il. À titre de comparaison, "dans les années 1960, vous aviez uniquement 300 poursuites par an du chef de 'trafic de stupéfiants', parmi elles, toutes n'étaient pas accompagnées d'une condamnation pénale. Aujourd’hui nous sommes à plus de 200.000", rapporte Gérald Pandélon.
Un marché très lucratif
L'avocat reconnaît que "le trafic de stup' ne s'est jamais aussi bien porté malgré les plans successifs qui frôlent l'angélisme". Dans le monde, ce marché représente "800 milliards d'euros". En France, "le trafic de stup' représente le premier chiffre d'affaires avec 3,6 milliards d'euros par an", constate Gérald Pandélon. D'ailleurs, "80% des crimes qui sont perpétrés sont en relation avec le trafic de drogues", souligne-t-il. À côté de cela, "tous les plans proposés relèvent d'une naïveté crasse", regrette l'avocat.
"Il est évident que si ce système ne faisait pas vivre un certain nombre de personnes croissant, le problème aurait été réglé il y a un certain nombre d'années", note Gérald Pandélon qui estime que "rare sont ceux qui y réussiront". "Aussi louables soit leurs intentions, ils ne comprennent pas le fonctionnement de l'intérieur des cités", déplore-t-il. Il explique que dans le département des Bouches-du-Rhône, "70% des bénéficiaires du RSA sont situés à Marseille". Ce chiffre reflète que "40% des jeunes entre 16 et 25 ans sont au chômage dans les cités phocéennes". "Il faut bien vivre", se résigne l'avocat. Alors "les caïds vont nourrir les jeunes des cités, ce sont les chouffes... Et comme ces personnes ne trouvent pas d'emploi, ils vont malgré eux contribuer à ce trafic de stupéfiant", explique-t-il.
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