Éric Drouet appelle à "un soulèvement sans précédent" après la blessure à l’œil infligé à un Gilet Jaune emblématique, Jérôme Rodrigues. "Les auditeurs peuvent se dire : pourquoi poser une telle question ? Tout appel à la violence est condamnable ! Mais ce n’est pas évident pour tout le monde", souligne Véronique Jacquier.
La peur de disparaître
En effet, les Gilets Jaunes estiment que seul le rapport de force paie avec le gouvernement, avec ses dégâts collatéraux causés par la violence. "Éric Drouet, lui, veut aller plus loin. Il veut clairement renverser la démocratie. Ce n’est pas nouveau. Il a déjà appelé à entrer à l’Elysée début décembre." Des propos qui lui valent, d'ailleurs, l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris pour "provocation à la commission d’un crime". La semaine dernière, dans sa lettre adressée à Emmanuel Macron, il prenait prétexte de la blessure infligée à l’un de ses proches, Jérôme Rodrigues, pour "déclarer l’état d’urgence du peuple. Appeler à un soulèvement sans précédent par tous les moyens utiles et nécessaires pour que plus personne ne soit victime de ces blessures de guerre. Citoyens formez vos bataillons." La dernière phrase est bien-sûr tirée de La Marseillaise. "Éric Drouet est en plein fantasme révolutionnaire. Mais tout ça pour quoi ? Pour continuer à exister ! Pour alimenter en testostérone sa page Facebook suivie par 300.000 membres, juge Véroniquer Jacquier. La peur d’Éric Drouet, c’est la peur de disparaître. D’où la surenchère pour rester dans la lumière."
Mais pourquoi Éric Drouet aurait-il si peur de disparaître ? Les Gilets Jaunes sont plus divisés que jamais entre normalisation et radicalisation. D’un côté une liste aux européennes sera menée par Ingrid Levasseur. De l’autre, Eric Drouet partage l’appel de la CGT pour une grève générale le 5 février prochain. "Un appel aussitôt soutenu par Jean Luc Mélenchon et Olivier Besancenot, constate Véronique Jacquier. Ce trio espère la convergence des luttes et rêve du grand soir pour renverser le système." Mais samedi dernier, les Gilets Jaunes étaient moins nombreux à se mobiliser. Et tous se posent la question : comment durer à l’heure du débat national ? Eric Drouet n’a donc plus rien à perdre. Mais à titre personnel, il joue gros : appeler à l’insurrection comme il l’a fait, est puni par le code pénal de 15 ans de prison et 225 000 euros d’amende. Et si le gouvernement sifflait la fin de la partie ?
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