À la veille d’une journée de mobilisation qui s’annonce encore tendue, faut-il redouter de graves affrontements et une plus grave crise politique, craindre que la situation ne débouche sur une guerre civile ?
Bien des crises graves oubliées
"Remettons les événements dans leur contexte, rappelle Véronique Jacquier. Les actes de violence sont nombreux. Les affrontements avec la police se répètent. Mais heureusement il n’y a pas de morts côté policier, ni côté Gilets Jaunes et personne ne le souhaite." Mais il faut faire attention à ne pas confondre la violence des faits et la violence des images diffusées par les chaines d’information. D'autant plus que, lors de crises sociales, des agressions et débordements en fin de cortège regrettés par la grande majorité des manifestants ont toujours existé.
On peut aussi rappeler deux exemples de graves crises que nous avons oublié à l’échelle de l’histoire. D'abord, la crise paysanne de 1961 : 5.000 agriculteurs prennent d’assaut la ville de Morlaix et détruisent la préfecture du Finistère. Ensuite, la crise de la sidérurgie à Longwy, dans le bassin lorrain, en 1978 : 25.000 personnes s’en prennent à la presse et aux banques. "Ils pourraient être les ancêtres des Gilets Jaunes, estime Véronique Jacquier. La nouveauté en 2019, c’est que la crise est nationale et qu’au-delà de la violence, il y a de la haine, d’autant plus dangereuse qu’elle est alimentée de tous bords."
Des pyromanes en tous genres
Une frange des Gilets Jaunes, menée par l’un des porte-paroles Maxime Nicolle, rêve clairement d’une insurrection armée. Une partie de la population qui n’hésite plus à verbalement attaquer des ministres, comme ce fut le cas hier dans les Hautes-Alpes pour Jean-Michel Blanquer, ou pour Sébastien Lecornu à qui un homme demandait s’il était normal qu’un député gagne 20.000 euros par mois. "Les pyromanes sont aussi les anonymes sur Twitter qui jouent à celui qui sera le plus haineux en prenant pour cible les journalistes. Et puis, il y a le pyromane Jean-Luc Mélenchon qui souffle sur les braises d’un climat prérévolutionnaire. Enfin, le gouvernement, avec ses phrases jugées méprisantes et maladroites, ne calme pas les choses." Pour autant, la violence a toujours existé, de même que l’antiparlementarisme a toujours existé. "Mais la haine pour un président est nouvelle et celle pour Emmanuel Macron ne faiblit pas. On a encore un gouvernement qui joue le parti de l’ordre contre les Gilets Jaunes. C’est un terrain hautement inflammable que d’opposer les Français. Attention, donc, dans les mois qui viennent : c’est comme cela que toutes les révolutions ont commencé."
La colère peut se transformer en haine
"La colère est ancrée, malheureusement, en bas de l’échelle sociale, estime Jean-Jacques Latil, commercial, et Gilet Jaune de Marseille. La population a du mal a remplir les frigos et manifeste. On entend, mais on n’écoute pas ! Les gens se disent que, finalement, ils n’ont plus rien à perdre. On voudrait tout simplement être écoutés. À Marseille, on est en train de structurer nos idées, pour travailler et repartir au contact de la population pour essayer d’expliquer que le mouvement des Gilets Jaunes est le mouvement du peuple, essayer de rallier tout le monde à la cause. Quand on entend que les actionnaires du CAC 40 se versent des dividendes en hausse de 12,8% quand on a un peuple en train de crever la dalle, ce n’est plus possible, tout cela. Et à un moment, toute la colère peut se transformer en haine..."
Retrouvez "Info Vérité" du lundi au vendredi avec Véronique Jacquier à 7h10 et 9h15 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
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