Emmanuel Macron a-t-il eu raison de recevoir les grands patrons à Versailles ? "La question revient à dire : défendre l’attractivité de la France, est-ce aller à l’encontre des revendications des 'gilets jaunes' ?", estime Véronique Jacquier. Hier, aucune image n’a filtré de la rencontre entre Emmanuel Macron et les 150 chefs d'entreprise étrangers réunis à Versailles. Pas même une miette du discours présidentiel. Sobriété et prudence étaient de mise à cause du climat social. "Versailles le jour anniversaire de l’exécution du roi Louis XVI, le président assume. Mais il fait tout pour ne pas être dans la ligne de mire des sans-culottes 'gilets jaunes'."
La France, "Cuba sans le soleil"
Emmanuel Macron a sans doute maintenu le rendez-vous pour deux raisons. D'une part, ce ne sont pas les "gilets jaunes" qui lui dicteront son agenda. D'autre part, l’attractivité de la France suppose de séduire les investisseurs. "Je me bats pour vous, pour des créations d’emplois", peut ainsi dire Emmanuel Macron. "Hier, 600 millions d’euros d’investissements ont été actés, rappelle Véronique Jacquier. C’est beaucoup moins qu’en 2018 : 3 milliards et demi. Concrètement, l’entreprise américaine Mondelez investit 7 millions d’euros dans l’usine de Cestas en Gironde, qui produit des biscuits. Les 'gilets jaunes' ne peuvent pas désapprouver ce type d’investissement".
Pourquoi cinq fois moins d’investissements annoncés cette année ? Faut-il y voir un effet "gilets jaunes" ? En fait, 87% des investisseurs trouvent que la France est attractive malgré le climat social. Pour certains patrons étrangers, si les "gilets jaunes" sont apparus, c’est parce qu'Emmanuel Macron "propose de grands changements aux Français".
"De nouveaux investissements sont annoncés, c’est positif, commente Valérie Gomez-Bassac, députée du Var et porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée nationale. Bien sûr, on peut critiquer le lieu. Au président de voir s'il peut le changer. Ensuite, c'est toute la difficulté de la communication : si l'on avait sorti des photos dans des endroits somptueux, cela aurait été perçu comme de la provocation. Le choix a été fait de ne pas communiquer et de travailler. Il y avait un risque de mettre de l’huile sur le feu. Restons sur le positif et évitons de provoquer".
Conséquence politique de cette rencontre à Versailles : le président ne reviendra pas sur l’ISF. "En effet, ce serait un contre-signal pour ceux avec qui il a dîné hier soir, estime Véronique Jacquier. En 2002, à cause des 35 heures, la France a accusé une baisse de 28% des investissements étrangers. En 2012, la taxe à 75% pour les riches gagnant plus d’un million d’euros a dissuadé des talents de venir en France. À l’époque, notre pays avait été comparé à 'Cuba, mais sans le soleil'. Une petite phrase prononcée par... Emmanuel Macron !".
Le président fait quand même une concession aux "gilets jaunes" : taxer les géants du numérique sans attendre de le faire à l’échelle européenne. Le chef de l’État assume le numéro d’équilibriste, symboliquement, pour ne pas perdre la tête. "Il faut se souvenir de la colère du peuple quand on est sous les lambris du château de Versailles…"
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