C’est l’un des sujets de société qui risque d’animer le quinquennat d’Emmanuel Macron pendant plusieurs mois, voire années. Mises sous le feu des projecteurs depuis le débat en 2012-2013 sur le Mariage pour tous, la PMA (Procréation Médicalement Assistée) et la GPA (Gestation Pour Autrui) font de nouveau parler d’elles ces derniers jours, dans le cadre de l’ouverture des États généraux de la bioéthique.
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Mais alors que certains dénoncent avec la GPA une forme de marchandisation du corps de la femme, d’autres au contraire défendent ce processus. C’est notamment le cas de Sylvie, qui a eu deux filles (aujourd’hui âgées de 17 ans) issues d’une GPA. Pour elle, l’adoption n’était pas une option. "Je voulais absolument pouvoir raconter à mes enfants leurs origines, ce qui n’est pas le cas avec l’adoption", explique-t-elle au micro de Sud Radio.
Face à l’impossibilité d’avoir recours à une GPA en France, Sylvie et son mari Dominique se rendent aux États-Unis où, après plusieurs voyages, ils rencontrent Mary, une Américaine qui souhaite les aider à avoir un enfant car sa propre mère était elle-même infertile. "Quand on apprend que la gestatrice est enceinte, on est dans le même état qu’elle ! On a aussi une grossesse, on est complètement transcendé, on vomit tous les matins et on prend des kilos !", assure-t-elle.
"C’est une aventure humaine avant tout, une histoire d’amour"
Une fois leurs enfants nés, les galères commencent avec l’État français : un procès au pénal, puis civil, plusieurs appels qui aboutissent au jugement de la Cour européenne des Droits de l’Homme en 2014 qui estime que la France doit reconnaître les enfants nés sous GPA à l’étranger. Pour Dominique, l’État s’acharne encore contre cette pratique. "En février, on a passé une audience, et la question posée aux juges était de savoir s’ils devaient annuler une décision qui a quand même valu la condamnation de la France ! On sait tous que la réponse est oui, mais c’est quand même hallucinant d’en être là", déplore-t-il.
Surtout, le couple réfute en bloc l’argument de marchandisation du corps de la femme, régulièrement brandi par les anti-GPA. "C’est une aventure humaine avant tout, une histoire d’amour, et pas autre chose ! Je n’aurais pas voulu, et personne ne le voudrait, d’une femme qui ne fasse cela que pour l’argent. Les couples recherchent aussi des gens altruistes, parce que c’est ça que leurs enfants vont retenir plus tard. Je pense toujours à ce que mes enfants penseront plus tard", insiste-t-elle.
Un reportage de Charles Bonnaire