On a recensé plus de 806.000 manifestants dans la rue un peu partout en France, avec quelques incidents à Paris, Nantes, Bordeaux ou Lyon.
Deux ans d'ébullition constante
Y a-t-il longtemps que l’on n’avait pas vu une telle mobilisation ? "Oui, estime Stéphane Sirot, historien spécialiste de l’histoire des grèves et du syndicalisme, professeur à l’université de Cergy-Pontoise. On n’avait pas vu de manifestation aussi massive depuis 2010. À cela s’ajoutent aussi des grèves à un niveau très élevé. Les taux dans les transports et l’Éducation nationale sont impressionnants et rarement atteints". Est-ce un premier succès pour des syndicats en perte de vitesse ? "Ils ont l’occasion de se replacer au centre du jeu social. Cette place, ils l’avaient perdue avec les Gilets Jaunes. Au travers de cette question des retraites, c’est impératif pour eux, sauf à se retrouver définitivement marginalisés".
Peut-on y voir des similitudes avec les manifestations de 1995 ? "Forcément, il y en a, juge Stéphane Sirot. Ce sont toujours les mêmes moteurs, la RATP et la SNCF. Mais il y a plus de différences que de points communs. Notamment le fait que ce mouvement se déroule dans une longue période d’ébullition permanente, depuis 2016 et la loi El Khomri. Les mouvements sociaux se succèdent, et le climat n’est pas le même. On voit bien dans la société française une contestation permanente depuis à peu près deux ans et demi".
Les enseignants en première ligne de la réforme
L’UNSA est par ailleurs reçue ce matin par les équipes de Jean-Paul Delevoye. Pour parler de quoi, en plein conflit ? "Nous allons parler du contenu de ce projet, détaille Luc Farré, secrétaire national de l'UNSA, comment faire pour que les agents publics et fonctionnaires puissent ne pas être les perdants de cette réforme. Le calcul de leur retraite se fait sur les six derniers mois sans prendre en compte les primes. Demain, le calcul se fera sur l’ensemble de la rémunération des agents. Comment va-t-on le faire ? C ‘est le sujet de la discussion de ce matin".
En effet, détaille Luc Farré, "les enseignants n’ont quasiment pas de primes. De fait, cela pose la question de comment les fonctionnaires sont payés aujourd’hui, un vrai sujet qui permettra de dire si le système universel voulu par le gouvernement est équitable pour les agents publics. Je regrette qu’il n’en ait pas profité depuis septembre pour aborder ces questions ; on ne le fait que maintenant. Je crois que le gouvernement a fait un certain nombre d’erreurs et est responsable de la situation actuelle. Hier, la mobilisation était importante chez les fonctionnaires. Cela montre l’inquiétude devant l’inconnu d'une réforme intéressante sur le papier, mais qui pose énormément de questions".
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