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Grève inédite à l'OFB face aux tensions avec le monde agricole et politique

Les agents de l'Office français de la biodiversité (OFB), dont l'action est remise en cause par des responsables politiques et syndicats agricoles, manifestent vendredi lors d'un mouvement de protestation inédit, pour exprimer leur "mal-être" et réclamer davantage de soutien des pouvoirs publics.

IDRISS BIGOU-GILLES - AFP

Les agents de l'Office français de la biodiversité (OFB), dont l'action est remise en cause par des responsables politiques et syndicats agricoles, manifestent vendredi lors d'un mouvement de protestation inédit, pour exprimer leur "mal-être" et réclamer davantage de soutien des pouvoirs publics.

Une trentaine d’agents de l’OFB, en tenue de travail, se sont ainsi rassemblés dans la matinée devant la sous-préfecture d’Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône.

"Attaquer le droit et la police de l’environnement nuit gravement à la santé !" pouvait-on lire sur l’une des pancartes brandies par les manifestants.

"Ce rassemblement, il signifie un ras-le-bol des agents de l'OFB qui ont été récemment lâchés en rase campagne par le Premier ministre (...) alors qu'en fait les agents ne font que respecter les textes en place et faire leur métier de fonctionnaire", a témoigné auprès de l’AFP Stéphane Plessis, représentant du syndicat national de l'environnement FSU.

A Pau, ils étaient une cinquantaine, venus des Pyrénées-Atlantiques mais aussi du Lot-et-Garonne, des Landes, de Gironde ou des Hautes-Pyrénées, venus pour protester contre le "désaveu de nos gouvernants", avant d'être reçus par la préfecture.

"Ca fait plus d'un an et demi qu'on subit les menaces, les invectives et les dégradations. (...) On reçoit carrément des menaces de mort", a relaté auprès de l'AFP Pierre-Alex Morel, représentant du syndicat SNAPE-FO.

Dans les Alpes de Haute-Provence et les Hautes Alpes, Jean-Michel Foissy, technicien de l'environnement à l’OFB et représentant syndical CGT, fait aussi état d'"agressions" de la part des agriculteurs, avec "des tas de fumiers qui sont déversés sur des véhicules, des portes qui sont murées à l'entrée de nos bureaux".

Depuis la mi-janvier, les inspecteurs de l'OFB, chargés de faire respecter les règles en matière d'usage des pesticides, d'arrachage de haies ou de respect des arrêtés sécheresse, mais aussi de contrôler les chasseurs, de lutter contre le braconnage ou le trafic d'espèces protégées, ont déjà engagé leur droit de retrait sur leurs missions de police dans les exploitations agricoles, ne s'y sentant plus en sécurité. Un mouvement très largement suivi, par 67% à 100% des agents sur plus des trois quarts du pays, selon l'intersyndicale.

Outre un appel national à la grève, plusieurs autres actions étaient également prévues dans d'autres régions vendredi matin, avec des "dépôts symboliques de l'étui discret", dans lequel les inspecteurs de l'OFB doivent désormais porter leurs armes pour les contrôles administratifs dans les fermes.

En Bretagne, l'intersyndicale faisait état à midi de 63 agents en grève sur les 120 que compte la région.

- Port d'arme discret -

Les tensions entre OFB et agriculteurs ont été ravivées jeudi, dans le contexte des élections pour les chambres d'agriculture qui se terminent ce vendredi, à la suite de propos rapportés dans Le Monde d'un syndicaliste agricole relayant des appels à "brûler" des voitures d'agents de l'OFB si ceux-ci revenaient contrôler les fermes.

Au cœur de la polémique, la question de l'armement des agents de l'OFB est l'une des principales récriminations du monde agricole, qui juge les contrôles trop pressants et intimidants. Une circulaire ministérielle signée en décembre prévoit que les agents doivent désormais avoir un "port d'arme discret" lors de leurs passages dans les exploitations.

Mais pour les syndicats de l'OFB, cette mesure "présente un danger pour les agents (...) et est en fait inapplicable". L'une de leurs revendications est qu'elle soit "annulée".

Ils réclament également de "protéger désormais les implantations et les personnels de l’OFB contre toute agression ou attaque, quel que soit le syndicat agricole qui en est à l’initiative".

Selon une "mission flash interministérielle" consultée par l'AFP, "près de 70 implantations" de l'OFB ont été la cible d'"exactions" en 2024.

L'intersyndicale réclame également de "sanctuariser les effectifs de l'OFB" (plus de 3.000 agents dont 1.700 sur le terrain) et de revenir sur "la baisse drastique envisagée du budget de l’OFB", ainsi qu'une lettre du Premier ministre à tous les agents "exprimant son soutien ferme".

François Bayrou avait qualifié d'"humiliation" et de "faute" certaines inspections d'agents de l'OFB, "une arme à la ceinture dans une ferme déjà mise à cran par la crise".

Selon M. Morel, cela n'a fait que "raviver les braises. (...) Il nous a mis une cible dans le dos".

Par Delphine PAYSANT avec les bureaux de l'AFP en région / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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