La grève à la SNCF, articulée pour trois mois sur un format combinant deux jours de grève et trois jours de travail, va-t-elle devenir permanente et reconductible ? À partir de vendredi, le mouvement pourrait ainsi ne plus être interrompu, selon le récent vote des cheminots rassemblés en assemblée générale à la gare du Nord. Si l’initiative reste pour le moment localisée, elle n’en demeure pas moins symbolique selon Anasse Kazib, référent Sud Rail local.
"On n’a pas la prétention de faire la révolution depuis Paris-Nord, mais Paris-Nord, c’est un symbole fort ! C’est la première gare de France et l’une des premières européennes. Il y a l’Eurostar, le Thalys, le TGV pour Lille, un certain nombre d’Intercités, deux lignes de RER, deux lignes de train de banlieue… C’est un symbole. Pour le cheminot qui est en province et qui n’a pas beaucoup de trafic, savoir que la plus grosse gare d’Europe se met dans la bataille et part en grève reconductible, ça motive largement", déclare-t-il à Sud Radio avant d’expliquer les raisons de cette nouvelle donne. "Les employeurs ont organisé du télétravail, ils ont prévu des RTT, ils se sont adaptés. Par contre, aucune entreprise ne peut s’adapter à trois semaines de grève reconductible", souligne-t-il.
"Sur une grève d’un mois, la majorité reprennent le boulot après 15 jours"
Reste désormais à convaincre l’ensemble des cheminots, ce qui n’est pas chose aisée. C’est pourquoi Xavier fait le tour des collègues pour expliquer. "On sait tous que le début d’une grève reconductible, c’est ce qu’il y a de plus dur. On ne critique pas la grève telle qu’elle est. Elle désorganise énormément, mais ça ne suffira pas", affirme-t-il. Pour Éric, conducteur à Paris-Nord, la grève perlée avait quand même ses avantages. "Je la fais par période de deux jours. Je suis comme beaucoup de gens, limité niveau salaire... Pour l’instant, je me dis qu’il faut peut-être encore resté sur cette façon de faire. Quand on part sur un mois, la majorité des gars reprennent le boulot au bout de 15 jours. Alors que là, je pense que depuis deux semaines c’est compliqué pour la direction", déclare-t-il.
Malgré tout, il reconnaît qu’il faudra sans douter franchir un cap supplémentaire dans la mobilisation. "À un moment donné, il faudra durcir le mouvement et partir sur du reconductible, d’ici une semaine ou dix jours. Pas le choix…", admet-il.
Un reportage de Charles Bonnaire