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Grève SNCF : trafic encore très perturbé, le gouvernement "calme" et "déterminé"

Par Jérémy Jeantet (avec AFP)

Le trafic ferroviaire est encore très perturbé, ce mercredi, à l'occasion du deuxième jour de grève des cheminots contre la réforme ferroviaire. Mais le gouvernement n'entend pas transiger sur son projet.

Photo d'illustration ©BERTRAND LANGLOIS - AFP

Au deuxième jour de la grève contre la réforme de la SNCF, le trafic ferroviaire est encore très perturbé mercredi, avec une mobilisation toujours élevée parmi les personnels indispensables à la circulation des trains, tandis que le chef du gouvernement a reporté son voyage au Mali.

Édouard Philippe "a décidé de reporter son déplacement au Mali pour rester ce week-end à Paris", a annoncé Matignon à l'AFP, laissant entendre que l'annulation était notamment liée à la grève SNCF. Le premier épisode de celle-ci doit se clore jeudi matin avant un deuxième samedi soir. Le Premier ministre était attendu samedi et dimanche au Mali.

Mercredi, la participation globale à la grève était annoncée en baisse par la direction de la SNCF, avec 29,7 % de grévistes "en milieu de matinée" (après 33,9 % la veille), mais les trois quarts des conducteurs restaient mobilisés (74 % contre 77 % mardi) et il y avait davantage de contrôleurs (77 % contre 69 %) et d'aiguilleurs (46 % contre 39 %) en grève.

En conséquence, seul un TGV sur sept et un train régional sur cinq en moyenne, soit sensiblement la même chose que mardi, devaient circuler mercredi.

Ce premier épisode de la grève deux jours sur cinq doit s'achever jeudi matin avec un "retour progressif à la normale" dans la journée, selon la SNCF. Le trafic TGV est annoncé "quasi normal", trois trains régionaux sur quatre sont prévus et trois Intercités sur cinq.

Le gouvernement va mener la "transformation" de la SNCF "jusqu'au bout, avec calme et avec une grande détermination", en dépit de la grève, a déclaré son porte-parole Benjamin Griveaux, à l'issue du Conseil des ministres.

Le président Emmanuel Macron a demandé aux ministres de "continuer à expliquer calmement et posément" cette réforme et à "ne jamais stigmatiser personne", a-t-il ajouté.

"Un débat télévisé"

La CGT Cheminots a accepté de son côté la proposition de BFMTV d'un débat télévisé avec le gouvernement pour discuter de la réforme de la SNCF "projet contre projet" pour "éclairer" les Français.

Le syndicat, qui a publié le mois dernier son propre rapport sur l'avenir du rail, accuse le gouvernement et la direction de la SNCF d'"enfumage" et de "désinformation" pour "masquer les enjeux véritables de la réforme ferroviaire en cours".

La CGT et les trois autres syndicats représentatifs du groupe, Unsa, SUD et CFDT, ont prévu de se réunir jeudi matin avant une table ronde l'après-midi au ministère des Transports sur la dette, le financement et le statut de l'entreprise SNCF. Vendredi, une autre réunion au ministère se penchera sur les droits sociaux des cheminots.

Ces syndicats sont tous lancés dans la bataille avec une grève deux jours sur cinq jusqu'au 28 juin pour la CGT, Unsa et la CFDT; une grève illimitée reconductible par 24 heures pour SUD-Rail. Un nouveau préavis a été déposé par les trois premiers, courant de samedi 20h jusqu'à mardi 10 avril 7h55.

Environ 300 assemblées générales devaient se tenir mercredi pour décider de la suite du mouvement, a précisé à l'AFP Erik Meyer de SUD-Rail, estimant que la grève ne devrait pas être reconduite jeudi avant un possible "durcissement du mouvement la semaine prochaine".

À Marseille, plusieurs centaines de manifestants - agents des finances publiques, dockers retraités, postiers, étudiants...- se sont rassemblés mercredi à la mi-journée à la gare Saint-Charles pour soutenir les cheminots et "défendre le service public"

"Ça vaut le coup de se battre"

En début de matinée, à la gare de Lyon-Perrache, Véronique, une aide à domicile de 54 ans, descendait d'un train pris plus tôt qu'habituellement. "Pour mon employeur, la grève, c'est pas son problème. Il faut être à l'heure", disait-elle. "Je n'ai pas trop saisi le fond de la grève mais il faut qu'ils arrêtent."

"Je comprends les raisons de la grève", estimait en revanche à Dijon Emilie Hoertel, 39 ans, clerc d'avocat à Paris. "Même si ça ne nous arrange pas la vie, pour garder un service public qui maille le territoire, ça vaut le coup de se battre."

Le projet de loi sur le pacte ferroviaire, qui prévoit un recours aux ordonnances sur certains points, sera voté en première lecture le 17 avril à l'Assemblée. Les députés Les Républicains devraient s'entendre pour voter "pour" la réforme ou "s'abstenir", a estimé Damien Abad, l'un des vice-présidents du parti, qui lui la votera.

Pour l'ancien numéro un de la CGT, Bernard Thibault, le gouvernement se trompe de cible en voulant modifier le statut de la SNCF (en société anonyme), abandonner l'embauche au statut de cheminot et ouvrir le transport ferroviaire de voyageurs à la concurrence.

"Accuser les cheminots d'être responsables du désastre des politiques publiques est un comble", alors qu'au contraire leur mobilisation "porte l'intérêt général", affirme-t-il dans une tribune publiée dans le Monde.

Côté soutien financier aux grévistes, la "cagnotte" lancée le 23 mars par une trentaine d'écrivains, réalisateurs ou encore universitaires avait dépassé la barre des 187 000 euros, mercredi en milieu de journée.

Quant à la "caisse de grève" lancée par SUD-Rail, elle contenait près de 17 600 euros à la même heure, avec environ 420 participants.

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