Est-on à la veille d'une révolution en France ? Sommes-nous en 1788 ? C'est la question à laquelle tente de répondre Guillaume Bigot qui note que "dans toute comparaison historique on peut trouver des points qui invalident la comparaison". Mais dans ce cas, "on a des points qui la valident", souligne le politologue.
"On taxe les petits et on allège constamment les plus gros"
Comme il y a deux siècles, les caisses de l'État sont vides, "on a un problème de faillite financière de l'État, il y a une illégitimité fondamentale à lever de nouveaux impôts parce que la pression est déjà maximale", détaille l'éditorialiste qui ajoute que, comme en 1788, il y a un problème de la taille. Un phénomène de refus de la part des nobles de nouveaux impôts. "Là, on a supprimé l'ISF et d'un autre côté on a imposé une nouvelle taille, la taxe sur le diesel", explique-t-il.
Une situation d'injustice pour Guillaume Bigot qui déplore que "l'on taxe les petits et on allège constamment le poids sur les épaules des plus gros". Une situation "avec quelque chose de relativement inique", constate le politologue et qui à travers la déroute des finances publiques pose une interrogation plus fondamentale "de la légitimité de la levée d'impôt et sur la dignité et l'égalité de tous". Des thématiques que l'on retrouvait déjà en 1788, lorsque l'on se posait la question de savoir "comment l'appareil de l'État peut être dirigé pour un petit nombre et plus pour la majorité".
"Ils ont rompu les amarres"
Et si la situation économique est pour le moins instable, une partie reste solide et brillante : "les entreprises du Cac40", souligne l'auteur qui s'est intéressé à leur fonctionnement. "On se rend compte qu'elles sont dirigées vers les zones où il y a de la croissance, le luxe, le tourisme, la grande distribution, la banque...", observe Guillaume Bigot. "Ils ont rompu les amarres parce qu'ils ne font plus leur beurre dans l'hexagone, leurs sièges sociaux eux-mêmes ne sont plus sur le territoire", pointe-t-il. "Ils ont des techniques pour défiscaliser leurs bénéfices", révèle l'éditorialiste qui désigne une partie de la nouvelle noblesse, version 2020.
Alors pour mettre en parallèle les deux époques, Guillaume Bigot a pris sa calculatrice pour comparer les proportions de nobles entre 1789 et aujourd'hui. "Les historiens s'accordent pour dire qu'ils étaient entre 0,35 et 0,38 % des 35 millions de Français", rapporte-t-il. Si l'on considère les 100.000 anciens élèves des plus grandes écoles françaises, ajoutées aux 150.000 personnes assujettis au nouvel impôt remplaçant l'ISF et que l'on divise le tout par les 68 millions d'habitants que compte la France aujourd'hui... le politologue tombe sur une proportion de "0,35% de nobles dans notre société". Soit "rigoureusement la même proportion qu'à la veille de la Révolution française". Sommes-nous à la veille d'un nouveau cycle ?
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