Un comité interministériel sur le handicap se tiendra le 6 mars, a annoncé mardi la ministre chargée du Handicap Charlotte Parmentier-Lecocq, estimant qu'il fallait "accélérer" sur la question de l'accessibilité vingt ans après la loi de 2005.
"La préoccupation du handicap pour le gouvernement a été clairement réaffirmée par le Premier ministre" François Bayrou dans sa déclaration de politique générale, a-t-elle affirmé sur Franceinfo TV.
Vingt ans après son adoption, la "loi handicap" a permis des avancées mais reste largement en-deçà de son ambition initiale, selon les associations. Les acteurs du secteur et les principales personnes concernées pointent une application "insatisfaisante" de ce texte emblématique et exhortent l'Etat à remplir ses obligations.
Dans une interview au Figaro, l'ancienne secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées Sophie Cluzel, en poste sous le premier quinquennat d'Emmanuel Macron, estime de son côté que le handicap n'est "manifestement plus la priorité du deuxième quinquennat".
"Elle a raison de soulever que ça doit rester au dessus de la pile, c'est le cas", a réagi Charlotte Parmentier-Lecocq, évoquant notamment l'annonce de la prise en charge à 100% par l'Assurance maladie des fauteuils roulants.
"Il y a encore beaucoup à faire. Si on regarde le bilan de la loi de 2005, on est un peu au milieu du gué, on a beaucoup avancé" concernant le nombre d'enfants handicapés scolarisés en milieu ordinaire et l'accessibilité des gares, "mais clairement il faut qu'on accélère", a-t-elle ajouté.
"Il y a beaucoup de solutions, d'initiatives qui existent, mais il faut mettre tout cela en musique et surtout il faut rattraper de l'investissement qui n'a pas été fait sur 20 ans", a poursuivi la ministre, précisant par ailleurs qu'une évaluation de la loi ELAN sur le logement de 2018, qui a restreint l'obligation d'accessibilité des logements neufs, serait rendue d'ici fin mars.
Concernant l'école, la ministre de l'Education Elisabeth Borne a fait état de "520.000 enfants en situation de handicap, alors qu'ils étaient 151.000 en 2005", dans une interview à La Croix.
"Nous développons aujourd'hui des pôles d'appui à la scolarité", des "équipes mobiles pluridisciplinaires, qui peuvent intervenir rapidement", souligne-t-elle. "Nous en avons déployé 100 en septembre dernier, dans quatre départements" et "je souhaite que nous ayons 500 pôles d'appui à la scolarité de plus" en septembre 2025.
Les 20 ans de la "loi handicap" sont l'occasion "de réfléchir à tout ce qui reste encore à faire", a-t-elle renchéri mardi matin, en visitant une école élémentaire du 11e arrondissement de Paris. "Évidemment, il reste du chemin à parcourir, notamment pour rendre plus attractifs les fonctions d'AESH" (accompagnant d'élèves en situation de handicap).
Outre le développement des pôles d'appui à la scolarité, elle souhaite aussi "qu'on continue à renforcer les classes Ulis" (Unité localisée pour l'inclusion scolaire, accueillant des élèves en situation de handicap dans les établissements) "avec un focus sur les lycées professionnels".
AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP