D'anciennes collaboratrices de l'ex-secrétaire d'État MoDem Nathalie Élimas, jugée à Paris pour harcèlement moral, ont pointé mardi une tendance "paranoïaque" qui a selon elles contribué à rendre leurs conditions de travail intenables.
Pauline (prénom modifié) a tenu trois mois comme conseillère en communication de Mme Élimas avant de quitter son poste, "traumatisée par la toxicité" au sein du cabinet de la secrétaire d'État à l'Éducation prioritaire.
À la barre du tribunal, elle a décrit "l'entreprise de destruction méthodique" mise en place, selon elle, par Nathalie Élimas, ainsi que "la paranoïa permanente" de la secrétaire d'Etat, "persuadée que tout le monde était contre elle".
La prévenue, qui a démissionné en mars 2022, n'a cessé de prendre des notes, relevant à peine la tête pour regarder les plaignantes.
Aujourd'hui conseillère régionale en Île-de-France, elle a toujours contesté les accusations de harcèlement moral. Elle encourt deux ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende.
Cinq ex-collaborateurs, quatre femmes et un homme, se sont constitués parties civiles.
En décembre 2021, la secrétaire d'État a fait l'objet d'une enquête administrative de l'Inspection générale de l'enseignement supérieur et de la recherche (IGESR), après des signalements internes concernant des "dysfonctionnements" relatifs "aux relations de travail".
Pauline a longuement décrit les injonctions contradictoires qu'elle recevait, notamment concernant la couverture médiatique de la ministre, jalouse de celle des autres femmes du gouvernement. "Elle voulait de la visibilité, mais elle pouvait annuler une interview 30 minutes avant", "paniquée" à l'idée de se faire piéger, et "tout cela retombait sur moi", a raconté l'ex-conseillère en communication.
Clara (prénom modifié) elle aussi dit avoir subi les foudres de la ministre: les cris, les reproches, les accusations de déloyauté ou encore les critiques en cas d'absence ou de congé.
"Je ne m'attendais pas à du soutien de sa part, la connaissant, mais je ne pensais pas qu'elle m'enfoncerait encore plus", a-t-elle expliqué concernant un arrêt maladie après une fausse couche.
"Elle m'a reproché mon absence pour l'opération (après la fausse couche, NDLR) et m'a accusée d'avoir tout inventé", a poursuivi Clara, précisant qu'ensuite la ministre ne lui avait plus adressé la parole.
"Il y a toujours eu une cible, et ça tournait", s'est remémorée Marie, parlant d'un "climat de stress et d'épuisement". La jeune femme a quitté le ministère après un arrêt maladie, angoissée, insomniaque et sous antidépresseurs.
"J'avais l'impression de me consumer", a ajouté Marie.
Le procès doit se poursuivre jusqu'à jeudi.
AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP