Une affaire en or. C'est comme ça que le Dr. Patrick Laine, médecin généraliste à Saulnot, en Haute-Saône, décrit son cabinet médical. Si le village ne compte que 800 habitants, il peut compter sur une patientèle de 3000 à 4000 personnes.
Âgé de 67 ans, il cherche un repreneur qu'il ne parvient pas à trouver : "Je cède ma patientèle, le matériel médical, le mobilier, l'informatique. Malgré tout cela, je n'ai pas de candidat. Je joue donc les prolongations."
En cause, la localité, mais aussi, beaucoup, les idées reçues : "Quand on parle de déserts médicaux, c'est péjoratif, il faudrait plutôt parler de zones sous-dotées. Les gens ont l'impression qu'un village de 800 habitants, c'est deux tas de fumier et des vaches. Nous avons un pôle éducatif qui va jusqu'au CM2, une poste, une boulangerie, une supérette, un café, une pharmacie... C'est vous dire tout le potentiel de travail !"
Il l'assure, le médecin qui le remplacera "gagnera très bien sa vie", à condition de ne pas rechigner à la tâche. Et pour lui, la proposition d'obliger les jeunes médecins à s'installer dans les zones tendues en début de carrière serait loin d'être une mauvaise idée : "Aujourd'hui, la liberté d'installation est le pilier de l'exercice libéral. Si vous parlez de contraintes ou de méthodes coercitives, il paraît que vous cassez des vocations. La solution n'est pas de contraindre à vie, mais de proposer à des étudiants, qui sortent de la faculté, de venir pendant une année pour combler les trous là où il manque des médecins. Si, au bout d'un an, ils ne s'y plaisent pas, ils peuvent ensuite partir là où ils veulent. Ce ne sera pas un problème parce que la génération d'après viendra les remplacer. Je pense que c'est une solution."
Écoutez l'interview du Dr. Patrick Laine, invité du Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard