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Hauteclair Dessertine : "les auteurs de violences conjugales, c'est souvent des hommes qui ont une bonne place dans la société"

Hauteclair Dessertine, référente Femmes en danger de l’Union Nationale des Familles de Féminicide, était l'invitée de Jean-Marie Bordry dans "Les vraies voix" le 2 août 2021 sur Sud Radio.

Bien de victimes de violences conjugales ne font jamais le chemin jusqu'au commissariat. © AFP

Dans un entretien au Parisien, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur a annoncé que les plaintes pour violences familiales seront prioritaires dans les commissariats. Dans chaque commissariat et gendarmerie il y aura un officier chargé du suivi du dossier, a-t-il assuré.

 

Hauteclair Dessertine : "dans les dossiers de violences conjugales, il faut que toute la chaîne judiciaire suive"

Pour Hauteclair Dessertine, cette mesure est à double tranchant. "C’est déjà une bonne chose. Concrètement, il faut que toute la chaîne judiciaire suive, notamment au niveau des procureurs. Car jusqu’ici, il n’y a plus de moyens derrière. Les procureurs, il y en a toujours le même nombre, ils ne pourront pas assurer le suivi.

 


 

En revanche, si ces officiers sont formés correctement, évidemment cela peut avoir un effet. Cela aura pour effet surtout de rassurer les victimes. Quelqu’un qui saura les écouter, les comprendre et les accueillir. C’est super important."

"Si on stigmatise les victime de violences conjugales, ça ne va pas être possible"

Quid d’une file à part pour les femmes victimes de violences, pour déposer plainte ? "C’est une catastrophe. Déjà, pour une victime, venir au commissariat, ce n’est pas évident. Si on la stigmatise, ça ne va pas être possible. Il faudrait qu’on ait des interlocuteurs associatifs, des gens qui savent de quoi ils parlent parce qu’ils sont formés. C’est ce référent associatif qui serait en contact avec la victime et le procureur, cela faciliterait évidemment tout le processus de la plainte", a estimé Hauteclair Dessertine.

"Le problème qu’il y a, c’est la formation. Pour caractériser le danger, il faut être formé correctement. J’entends bien qu’il y a des hommes qui ont une bonne place dans la société mais qui sont violents, il ne faut pas croire que c’est forcément des délinquants. Et puis, les violences conjugales, c’est généralement par périodes. Lorsque la femme s’émancipe, qu’elle fait sa vie seule après une séparation, qu’elle a trouvé un emploi, ou encore parce qu’elle est enceinte… ces moments sont davantage des moments de danger. Les violences conjugales, c’est un crime de possession : l’homme croit que la femme lui appartient, et à lui seul."

 


 

"Quand vous frappez une femme, en France, la certitude de la peine n’existe pas"

Alors, comment prévenir les violences conjugales ? "La prévention, je pense que c’est dès l’école. Il faut apprendre l’égalité dès l’école, inculquer cette idée que la violence, c’est juste inacceptable. Et puis, l’école, à travers les enfants, elle peut voir les situations que les enfants vivent à la maison et signaler.

Et puis, vous savez, quand vous roulez en voiture et que vous faites un excès de vitesse, il y a une probabilité forte d’être flashé et d’avoir une amende. En revanche, quand vous frappez une femme, en France, la certitude de la peine n’existe pas. Et ça, c’est dissuasif."

 

 
 

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