"Ces chroniques, c’était un peu un jardin secret au départ, au fil de l’humeur, au fil de l’actualité, de mes envies", explique Henri Beaumont. "Progressivement mon entourage m’a dit : mais pourquoi tu ne devrais pas les publier ?". "C’est aussi, je pense, le résultat d’un certain nombre de réflexions. Peut-être aussi d’une certaine tristesse effectivement, quand on examine certaines dérives actuelles, notamment cette question du modèle français ou du modèle culturel français dont on nous rebat les oreilles".
Pour ce titre : Marianne au pays des merveilles, Henri Beaumont croit "que depuis maintenant bien longtemps, Marianne vit dans un monde étrange, parallèle, hors-sol". "J’ai eu envie, à partir d’une trentaine de chroniques, 10 ans, 3 quinquennats, de secouer un peu le cocotier et de mettre les points sur les hics", explique-t-il.
Henri Beaumont : "Marianne, dans notre histoire, s'est toujours un peu drapée dans des dénis"
"Il y a quelques années, les déclinistes faisaient rire tout le monde, maintenant j’avoue qu’ils ne font plus rire personne, ils font grimacer. Ces chroniques, au-delà de l’actualité, c’est un peu un kaléidoscope qui renvoie à une question que se posait Montesquieu il y a maintenant 300 ans quand il se demandait : Comment peut-on être Persan ? En réalité, comment peut-on être Français ?", explique Henri Beaumont au micro de Sud Radio. "La question avait mené immédiatement à ce fameux modèle français et cette exception culturelle".
"En réalité, Marianne, je crois que c'est un trait à la fois moderne mais qui, sur le plus long terme, se raconte des histoires. Marianne, dans notre histoire, s'est toujours un peu drapée dans des dénis : elle a toujours cru qu’elle avait des biceps plus gros et le QI plus important que ses petits camarades et à un moment, ça finit par coincer", explique Henri Beaumont. "Marianne au pays des merveilles, parce que les belles histoires du Père Castor c’est bien pour les enfants, à un moment ça devient les belles histoires du Père Fouettard suivez mon regard ou les belles histoires de la Mère Hidalgo qui tombait par terre, c’est la faute à Thatcher et le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau ou à Jadot", ironise-t-il.
"On fait semblant d’attendre de Gaulle depuis 50 ans, mais en réalité on attend Godot"
"Ce n’est pas grave parce que Marianne, elle vit un peu dans un monde illusoire, comme Alice", juge Henri Beaumont. "Si vous me posez la question : qu’est-ce que c’est que ce modèle français ? Je vais peut-être vous faire une réponse à la Lucchini. Ce modèle français, c’est une grenouille qui court plus vite qu’un lièvre, qui est plus grosse qu’un bœuf, qui chante mieux qu’un corbeau mais qui, à la fin de l’histoire, finit par croire que l’agneau entouré de loups va finir par dévorer les loups. Et en réalité mieux encore, il ne va pas dévorer les loups, parce que Marianne et puis une certaine culture 'woke', ils sont pacifistes donc il va convaincre le loup de devenir végétarien", explique-t-il au micro de Sud Radio.
Pour Henri Beaumont, le modèle français "arrive un peu à échéance". "On fait semblant d’attendre de Gaulle depuis 50 ans, mais en réalité, on attend Godot. La grande illusion c’est bien mais ça se termine mal à un moment. Aujourd’hui, on arrive à échéance". "Je pense que depuis 50 ans, on finit un peu par payer les pots cassés", explique-t-il. "Je ne veux pas faire de l’éducation national bashing, mais le bulletin scolaire de Marianne n’est pas bon. Ce qui me désespère, c’est qu'il n’y a jamais eu autant de profs, de diplômes, de kits éducatifs ou de laïcité pour tous, et pourtant, elle ne tourne pas rond l’éducation nationale".
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