Dans son livre, Hervé Algalarrondo s'intéresse aux parcours de deux adolescents originaires de Picardie, forcés de monter à Paris pour une raison ou une autre et se retrouvent coupés des problématiques de leur région natale. L'un est romancier, Édouard Louis, l'autre président de la République, Emmanuel Macron.
Un milieu "populaire, rural et ouvrier"
La Picardie n'est pas une très grande région, "contrairement à l'Occitanie", note l'ancien journaliste à L'Obs qui décrit cet endroit comme "un enclave situé au sud de la baie de la Somme". Un endroit "à la fois rural et très ouvrier, où sont fabriqués la majorité des robinets et des serrures français et où l'on vit beaucoup dans l'entre-soi", décrit Hervé Algalarrondo qui cherche à savoir dans son ouvrage "pourquoi ces Picards ont-ils à ce point rompu avec la Picardie ?".
Édouard Louis, né Eddy Bellegueule, vient d'un milieu "hyper populaire, presque au seuil de la pauvreté". Il a eu une enfance "très compliquée où il se sent étranger et pas très viril, alors que son père espérait bâtir un fils à son image, un dur", rapporte l'auteur. Un mal qui le poussa à monter à Paris, fuyant une Picardie qu'il décrit très péjorativement dans son livre En finir avec Eddy Bellegueule.
Poussés en dehors de leur région
De son côté, Emmanuel Macron vient d'un milieu plus aisé mais s'est bâti surtout à travers "sa grand-mère maternelle, une ancienne directrice d'école à la retraite qui l'a pris sous son aile très tôt et qu'il a adoptée", raconte Hervé Algalarrondo. C'est en Bigorre que le futur président de la République passe l'essentiel de ses vacances, auprès de sa grand-mère. Adolescent, il vit une édile avec sa professeur de théâtre, Brigitte, ce qui bouleversera son destin. "Il était prévu de tout temps qu'Emmanuel Macron, comme tous les très bons élèves de Picardie, aille faire ses études supérieures à Paris", note le journaliste. Mais son départ fut précipité d'un an, "le scandale de sa liaison avec Brigitte menaçait d'éclater, les parents n'étaient pas contents du tout", rapporte l'auteur. Le petit Macron se sent alors "poussé dehors" et rejoint la capitale.
Ces deux portraits croisés montrent un point commun avec un départ dans leur Picardie maternelle. "À la fois, ils sont montés à Paris dans la joie, mais se sont sentis expulsés de Picardie", note Hervé Algalarrondo. Malgré des origines le liant à "une région périphérique, très enclavée", le président de la République s'est malgré tout retrouvé "en porte-à-faux avec les Gilets jaunes, jusqu'à en devenir une cible principale". "Ces deux personnages m'ont paru symptomatiques de la sécession des élites, la rupture des élites et le pays", confie le journaliste.
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