Le chef de l’État François Hollande a rendu hommage, mardi matin, à Xavier Jugelé, le policier tué jeudi soir sur les Champs-Élysées. Lors d’une cérémonie organisée dans la cour de la préfecture de police de Paris, en présence de la famille du policier, de ses collègues, de sa hiérarchie et de nombreux responsables politiques, le président de la République a tenu à saluer la mémoire de "ce héros du quotidien".
Votre chagrin est le chagrin de la République
"Aux collègues de la 32e compagnie d’intervention et du commissariat de 11e arrondissement, à toutes celles et tous ceux qui ont eu le privilège de croiser ou d’accompagner le chemin de Xavier Jugelé, de travailler à ses côtés, ainsi qu’à tous les policiers de la préfecture de police, je veux dire au nom de la nation que nous partageons votre tristesse immense, mais aussi votre colère. Votre chagrin est le chagrin de la République", a déclaré François Hollande lors de son discours, affirmant : "De nouveau la République a perdu l’un de ses fils parmi les plus braves, de nouveau la République a perdu l'un de ses gardiens parmi les plus valeureux".
Dans un long passage sur la vie de Xavier Jugelé, le chef de l’État s’est attardé sur les valeurs qui ont guidé l’engagement de ce policier. "Ce qui l’animait, c’est que nos concitoyens puissent vivre en sécurité. Xavier Jugelé croyait en l’égalité. Il était attentif à la situation des plus vulnérables", a souligné le président.
Plus de moyens pour les forces de l'ordre
François Hollande a également tenu à faire passer un message de soutien aux forces de l’ordre "devenues des cibles, attaquées dans l’accomplissement de leurs missions". "Policiers et gendarmes, vous êtes les remparts de la démocratie", a salué le chef de l’État avant d’ajouter : "Aux Français, je veux leur dire ce message simple : soutenez les policiers et les gendarmes. Ils ont droit à notre estime, à notre solidarité, notre admiration face aux dangers".
Alors qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen étaient présents sur invitation du président, François Hollande a appelé son ou sa successeur "à accorder les ressources budgétaires nécessaires pour recruter les personnels indispensables à la protection de nos concitoyens. Et pour leur fournir les moyens qui leur permettront d'agir encore plus efficacement". "Ce qui est attendu, c'est de la constance, de la persévérance, de la cohérence dans l'effort, plutôt que des surenchères et des ruptures", a-t-il plaidé.
"Vous n'aurez pas ma haine"
Juste avant le discours du chef de l’État, le compagnon de Xavier Jugelé a aussi pris la parole évoquant avec émotion les derniers moments passés en sa compagnie jeudi matin alors qu’ils préparaient depuis plusieurs semaines un grand voyage. "Je suis rentré le soir sans toi, avec une douleur extrême et profonde qui s’apaisera peut-être un jour", a-t-il confié reprenant par la suite les paroles d’Antoine Leiris, journaliste et mari d’une des victimes du Bataclan. "Lorsque sont parus les premiers messages informant les Parisiens qu’un événement grave était en cours sur les Champs-Élysées, et qu’un policier avait perdu la vie, une petite voix m’a dit que c’était toi. Elle m’a rappelé cette formule généreuse et guérisseuse : "vous n’aurez pas ma haine"", a assuré le compagnon de Xavier Jugelé qui dit souffrir "sans haine".