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Hôpital : "On en vient à de la maltraitance et malgré nous on devient maltraitant avec les gens"

Des tentes ont été installées devant le service des urgences de l'hôpital de Perpignan pour y effectuer le "tri" des malades. Le service des urgences est en effet saturé. Devant le nombre croissant de malades, Covid oblige, la direction a pris cette décision qui choque les personnels soignants. Depuis lundi 7 février, ils ont entamé un mouvement de grève.

Hôpital
Hôpital de Perpignan : des tentes ont été installées devant le service des urgences pour y effectuer le "tri" des malades. © AFP

Reportage à l'hôpital de Perpignan de Christine Bouillot pour Sud Radio

 

Hôpital de Perpignan : "On nous demande de faire comme les grands avec des moyens de petits..."

Effectuer le tri des malades sous des tentes devant l'hôpital de Perpignan, pour ensuite utiliser les urgences comme un service d'hospitalisation, est une situation inédite, qui désespère le personnel soignant. "Ça décale tout et surtout, ça n'est pas une solution pérenne" dénonce Estelle, infirmière aux urgences à Perpignan depuis 9 ans. "Ils nous ont monté la tente pour 48 heures, qu'est-ce qu'on fait dans 72 heures ?" interroge-t-elle. Elle explique que vendredi 4 février, il y avait près de 100 patients présents dans les urgences. "On nous demande de faire comme les grands avec des moyens de petits..."

Les urgences sont saturées. "Les infirmières sont débordées ! explique Fabienne, venue se faire soigner il y a quelques jours. Elles ne peuvent pas assumer leur travail, ce n'est pas possible. Je les ai entendues se plaindre, ce qui est tout à fait normal !" Marine, infirmière aux urgences de Perpignan, estime ne pas pouvoir faire son travail correctement. "On a déjà soulevé le problème en 2019 avec une grève, mais il se réitère depuis des années malheureusement. Et le Covid n'a fait qu'accentuer tout ça. On se retrouve avec un flux de patients à presque 150 entrées par jour, voire 220-240 en période estivale. On nous demande l'exigence d'un CHU alors qu'on n'a pas les moyens matériels ni humains pour assumer un tel flux".

 

"C'était difficile avant, mais avec le Covid, ça sera encore plus difficile après"

"On en vient à appréhender nos journées de travail : au lieu de se souhaiter une bonne journée, on se souhaite plutôt bon courage, déplore Marine. On en vient à de la maltraitance et malgré nous on devient maltraitant avec les gens. Ça ne correspond pas à nos valeurs soignantes".

Depuis lundi 7 février, un préavis de grève a été déposé. Le manque de lits, le manque de bras, le Covid et la fatigue : le cocktail est complet estime François Sanchez, le délégué de Force Ouvrière. "Ça date d'il y a longtemps et ça continuera, affirme-t-il. Si les pouvoirs publics ne font pas quelque chose, je ne dis pas que l'hôpital public va mourir, mais il aura une autre tête à la sortie du Covid. C'était difficile avant, mais le Covid a fatigué les gens. Ça sera encore plus difficile après" prévient-il.

La direction de l'hôpital n'a pas souhaité répondre aux questions de Sud Radio.

Aurélie

 

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