"On sent un certain malaise dans le système hospitalier"
Si André Bercoff salue le fait qu'il y ait dans cet ouvrage des raisons d'espérer, il ajoute qu'il existe aussi de nombreux rendez-vous manqués dans le secteur de l'hôpital. Le professeur confirme et explique : "Les raisons qui nous ont poussés à écrire ce livre, c'est d'abord pour témoigner et pour contribuer à une réflexion qui est en cours depuis de nombreuses années".
Et d'ajouter : "On entend et on sent, quand on travaille à l'hôpital, un certain malaise, une certaine souffrance des gens qui bossent, du personnel, des infirmières, des aides soignantes, des brancardiers, de tous ceux qui sont dans le système hospitalier." Mais malgré tout cela, il y a un paradoxe puisqu'il existe un attrait pour toute la filière santé de la part des jeunes.
Le système de santé français est "un très bon système"
Au bout de quelques années, selon le professeur Tsimaratos "il y a une bascule qui se fait avec un sentiment de souffrance au travail. On s'est posé la question : comment on fait l'analyse de ça ?" Ce diagnostique a donc été réalisé avec comme but final de changer ce modèle qui génère de la souffrance".
Au final, les regards croisés des trois auteurs de l'ouvrage ont permis de conclure : "On a perdu le sens et la vocation dans les réflexions qui guident vers l'amélioration. Il y a, à l'hôpital, une crise de sens. Les indicateurs que l'on nous demande de suivre, ne correspondent pas à la vocation." Que faire ? L'enveloppe annoncée de 300 millions d'euros pourrait permettre de diminuer les déficits des hôpitaux. Selon le professeur Tsimaratos, il s'agit d'une bonne chose : "Si les hôpitaux sont en déficit c'est parce que la masse d'argent qui est mobilisée pour soigner, est supérieure aux revenus des hôpitaux qui sont rémunérés pour leurs activités. On gagne ce qu'on produit, un peu comme une entreprise".
Pour le médecin, reste à savoir à quoi va servir cet argent. "Avoir envie d'aider les hôpitaux en donnant de l'argent, c'est une bonne idée, avoir envie d'agir sur les mécanismes, qui entretiennent la souffrance au travail ou le déficit, c'est un autre travail. C'est un travail qui nécessite de s'appuyer sur les acteurs de première ligne." Il conclut tout de même en saluant le système de santé français qu'il juge comme "un très bon système : il permet de soigner sans prendre en compte les origines sociales".
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