Pas moins de 65 policiers et gendarmes ont volontairement mis fin à leurs jours en 2017, un chiffre qui se monte déjà à 4 pour l’année 2018. La situation est actuellement plus que préoccupante au sein des forces de l’ordre, qui ne cessent de tirer la sonnette d’alarme depuis des mois sur leurs conditions de travail, dans un contexte budgétaire et sécuritaire très tendu. Invitée du journal de 18h sur Sud Radio ce jeudi, Aurélie Laroussie, présidente de l’association Femmes des forces de l’ordre en colère, dénonce une situation intenable.
"Il y a un ras-le-bol de la profession, une fatigue, des cycles horaires qui ne leur permettent plus d’avoir de vie de famille et de vie sociale, une désastreuse politique du chiffre qui fait qu’on leur demande toujours plus pour n’avoir aucune réponse pénale derrière… Vous avez des policiers qui font un travail formidable sur le terrain, qui font rentrer des affaires, et derrière il n’y a pas de réponse pénale. Ils travaillent donc pour rien, c’est épuisant", déplore-t-elle avant de se montrer plus que sceptique face aux promesses affichées par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb de soutenir davantage les forces de l’ordre, notamment sur le plan psychologique.
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"On nous promet une augmentation des effectifs, avec 10 000 personnes supplémentaires. Mais vous avez aussi 10 000 départs à la retraite ! On demande des effectifs supplémentaires, de revoir certains horaires dans certains commissariats où ça ne va pas du tout, et on demande aussi des réponses pénales adaptées aux agressions sur les forces de l’ordre. Pour Champigny, le chef d’accusation retenu est "agression en bande organisée". Non, pour nous c’est une tentative d’homicide ! Ce n’est pas juste une agression, juste un coup de poing ! Ils ont clairement voulu la tuer ! Il faut utiliser les bons chefs d’accusation pour avoir les bonnes réponses pénales derrière", martèle-t-elle.
Enfin, Aurélie Laroussie regrette l’attitude du gouvernement, pas forcément réceptif à leurs cris d’alarme. "Nous avons eu en août une réponse de M. Macron qui nous promettait – j’ai la lettre – de demander à M. Collomb de nous recevoir. On a eu ensuite une lettre de M. Lauch, le porte-parole du cabinet de M. Macron, qui nous affirmait qu’il avait expressément demandé à M. Collomb de nous recevoir. On était donc ravies. Et puis en décembre, j’ai reçu une troisième lettre qui dit clairement l’opposé. On a eu de belles promesses, mais on attend toujours", assure-t-elle.
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