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Immigration: Retailleau détaille sa loi, malaise tenace dans l'aile gauche de la macronie

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a affirmé mardi qu'il souhaitait présenter un texte identique à la loi immigration votée l'année dernière puis partiellement censurée, des déclarations qui ne vont pas apaiser un malaise déjà bien installé dans l'aile gauche de la macronie.

Emmanuel DUNAND - AFP/Archives

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a affirmé mardi qu'il souhaitait présenter un texte identique à la loi immigration votée l'année dernière puis partiellement censurée, des déclarations qui ne vont pas apaiser un malaise déjà bien installé dans l'aile gauche de la macronie.

"Il y a une loi qui a été votée à une écrasante majorité, il y a à peu près un an, par l'Assemblée nationale", "cette loi a été censurée pour des motifs de pure forme par le Conseil constitutionnel", a déclaré le ministre.

"Je ne propose rien de plus que ce qui a déjà été voté par la majorité de Gabriel Attal", a-t-il ajouté, alors que l'ancien Premier ministre lui avait recommandé la veille de mettre complètement en application la loi de 2024, avant d'en envisager une autre.

A ce titre, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a précisé que neuf des treize décrets d'application "ont déjà été pris". Mais cette "mise en œuvre", a-t-elle justifié lors du compte-rendu du conseil des ministres, "n'empêche pas de continuer à avancer".

Lors de l'examen de la dernière loi immigration, députés et ministres de l'aile gauche de la macronie avaient déjà exprimé leurs réticences. Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, avait démissionné mais les parlementaires étaient pour la plupart rentrés dans le rang au moment du vote - seules 20 voix contre dans le groupe Renaissance qui comprenait 170 députés à l'Assemblée.

Début 2025, ce sera rebelote, mais dans un tout autre contexte. Le parti Les Républicains qui avait très largement contribué à durcir le précédent texte détient désormais Matignon et Beauvau, tandis que le RN laisse planer des menaces de censure.

Le ministre français Bruno Retailleau visite le centre de rétention admnistrative (CRA) au Mesnil-Amelot, à l'est de Paris, le 11 octobre 2024

Le ministre français Bruno Retailleau visite le centre de rétention admnistrative (CRA) au Mesnil-Amelot, à l'est de Paris, le 11 octobre 2024

JULIEN DE ROSA - AFP

Bruno Retailleau a répété mardi vouloir reprendre les mesures les plus sévères qui avaient finalement été censurées par le Conseil constitutionnel.

Parmi celles-ci, la diminution des droits sociaux des migrants afin que le pays soit "moins attractif", avec l'allongement par exemple de la durée de résidence nécessaire aux étrangers pour bénéficier des prestations familiales ou la transformation de l'aide médicale d'État, qui prend en charge certains soins médicaux, en aide "d'urgence".

Des mesures assimilées par la gauche à la "préférence nationale", défendue de longue date par le Rassemblement national.

Le ministre de l'Intérieur entend de plus prolonger de 90 à 210 jours le délai maximum en centre de rétention administrative pour les étrangers "dangereux", ce qui n'est possible pour le moment que pour les infractions terroristes. Il veut enfin durcir les conditions du regroupement familial.

"Mon souhait, c'est que la France ne soit pas plus attractive en matière d'immigration que le reste des pays d'Europe", a-t-il insisté.

- "Ficelle un peu grosse" -

Proposer une nouvelle loi, "pourquoi ? Pour diviser le Parlement ? Pour hystériser les débats ?", a interrogé dans Les Échos l'ancien ministre de l'Industrie Roland Lescure, qui avait déjà - discrètement - exprimé ses doutes l'année dernière.

Il dit espérer "qu'il ne s'agit pas d'un appel du pied au Rassemblement national". "A l'aube de l'examen du budget", la "ficelle" serait "un peu grosse".

Avant de passer à une nouvelle loi "il faut se donner le temps d'évaluer l'existant et surtout de mettre en œuvre l'existant", a abondé son remplaçant au portefeuille de l'Industrie, Marc Ferracci, un très proche d'Emmanuel Macron. "L'immigration et en particulier l'immigration de travail est une nécessité", a-t-il ajouté.

Ces propos ont été jugés "inacceptables" par la cheffe des députés RN Marine Le Pen sur X.

"Cette cacophonie, où chaque jour qui passe, un ministre en contredit un autre est inquiétante", a-t-elle dénoncé sur X, appelant Michel Barnier à se positionner "rapidement" pour savoir "si l’immigration massive et incontrôlée est un projet" ou "si c’est un problème".

Elle avait prévenu un peu plus tôt sur le même réseau social qu'il était "inenvisageable que les budgets alloués à l'immigration continuent d'augmenter".

- "Inenvisageable" -

A gauche, l'eurodéputée LFI Manon Aubry a dénoncé une "diversion" à l'heure où le gouvernement prévoit des dizaines de milliards d'économies sur la dépense publique.

"Ils vont acheter le soutien du RN, en copiant-collant leur projet et leur programme", a-t-elle martelé sur Europe1-Cnews.

Marine Le Pen (c) quitte la salle d'audience au côté de l'avocat et ancien député européen Front national Alexandre Varaut (g), au Palais de justice de Paris, le 30 septembre 2024

Marine Le Pen (c) quitte la salle d'audience au côté de l'avocat et ancien député européen Front national Alexandre Varaut (g), au Palais de justice de Paris, le 30 septembre 2024

ALAIN JOCARD - AFP/Archives

"Le RN ordonne, le gouvernement obéit", a commenté le député Sacha Houlié, en rupture avec la macronie.

Par Lucile MALANDAIN / Paris (AFP) / © 2024 AFP

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