Reportage Sud Radio de Cyprien Pézeril
Aller au travail en vélo, c'est une habitude pour Marie, 25 ans. Et parmi les épreuves, le passage devant la terrasse d’un bar PMU.
"Systématiquement, si je suis en robe, je reçois des remarques salaces, des bruits de chien, des sifflements. Ils considèrent que je suis un bout de viande. Je suis sûre, à chaque fois que je passe à cet endroit, que je vais recevoir ces remarques" - Marie
Pour ne pas entendre, pour ne pas être tentée de répliquer, Marie met de la musique dans ses écouteurs. Et les amendes pour outrage sexiste en vigueur depuis 2018 n’ont pas calmé les agresseurs. "Toutes les mesures, même symboliques, qui vont dans le sens de la répression sont bonnes à prendre", dit-elle pourtant. Depuis un peu plus d'un an, il en coûte 90€ aux hommes qui tiennent des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste, dégradants, humiliants, intimidants, hostiles ou offensants.
Trois millions d'outrages sexistes par an: une montagne par rapport à ces 894 amendes
Du côté des syndicats de policiers on le reconnaît : difficile de lutter contre tous les outrages sexistes. Pour Benoît Barret du syndicat Alliance police nationale tout le problème vient du fait que l’outrage sexiste ne peut être constaté que sur le fait. "Pour relever un flagrant délit, il faudrait des policiers partout. Il faudrait quasiment des policiers derrière chaque femme notamment dans le métro, dans la rue. Il y a des territoires où l'on manque tellement de collègues". Le travail à accomplir pour lutter contre le sexisme semble titanesque : chaque année, trois millions de femmes sont victimes d’outrages d'après l'Institut national d'études démographiques (INED). Une montagne par rapport aux 894 amendes dressées depuis août 2018.
"Les policiers ne mettent pas en confiance"
Tout le monde ne fait pas appel aux policiers: Marie ne considère pas les forces de l’ordre comme des oreilles de confiance:
"Je trouve que les policiers ne mettent pas en confiance. Cela m'est déjà arrivé de me promener toute seule le soir en sortant de soirée, et d'avoir des vieux policiers qui me disent: 'alors mademoiselle, qu'est-ce qu'on fait tard le soir?'" - Marie
Mais pour Benoît Barret d'Alliance police nationale, les policiers font ce qu’ils peuvent avec le peu de moyens qu’ils ont:
"Un policier fait face à tout. Croire qu'il peut être formé à tout, ce n'est pas possible. Mais les collègues font toujours preuve d'empathie au maximum" - Benoît Barret