L'ancien patron des Ecologistes Julien Bayou, innocenté par la justice après des accusations de harcèlement moral et d'abus de faiblesse, a affirmé vendredi "ne plus rien attendre" de son ex-parti, qu'il "ne reconnait plus".
L'enquête le visant, ouverte après une plainte en mars 2024 pour harcèlement moral et abus de faiblesse de son ex-compagne, a été classée sans suite pour "absence d'infraction", a indiqué le parquet jeudi.
"Vous avez devant vous quelqu'un qui a été triplement innocenté", après deux enquêtes internes au sein du parti et l'enquête judiciaire, a déclaré l'ex-député écologiste lors d'une conférence de presse à Paris avec son avocate Me Marie Dosé.
Il avait dû abandonner la tête du parti au début de la première enquête interne et avait quitté les Ecologistes lors du lancement de la seconde.
La première enquête, ouverte après une lettre de l'ex-compagne de Julien Bayou en juillet 2022, s'était arrêtée faute de témoignages.
La deuxième avait été confiée à un cabinet d'avocats, avec un appel à témoignages de la direction adressé à 12.000 personnes.
Une "procédure dégueulasse, détestable, décidée en conscience par la direction des écologistes", a dénoncé Julien Bayou.
Elle n'a "pas permis de déterminer si des faits contraires aux règles de droit ou aux textes internes ont été commis", avait annoncé la direction en octobre 2024.
"Dans n'importe quel parti, n'importe quelle démocratie, ça reviendrait à dire +il est innocent+, peut-être même +on s'excuse+", remarque l'ex-député. "Ce n'est pas ce que choisit de faire la direction du parti".
"Je n'attends plus rien" des Ecologistes, a souligné Julien Bayou. "Je ne reconnais plus ce parti", a-t-il ajouté. "Aujourd'hui dans la direction, il suffit de souffler et les personnes basculent, par peur de je ne sais quoi", "frappés de frilosité et de médiocrité, de lâcheté, de bassesse", a-t-il asséné.
- Diffamation -
Mais l'ex-député a appelé à ne pas "balancer le mouvement MeToo avec l'eau du bain, bien au contraire". "Ça n'est pas parce qu'une personne a menti que toutes les plaintes doivent être invalidées", a-t-il souligné, refusant que quiconque utilise "ce qui m'est arrivé pour nuire à la cause du féminisme".
Pour lui, la décision de justice ne signifie pas "que cette personne qui m'accuse ne souffre pas. Ça ne veut même pas dire qu'elle n'a pas été victime. Mais pas de moi".
Persuadé que les accusations "vont continuer", il a invité la presse à ne pas relayer "tout et n'importe quoi", et a indiqué avoir porté plainte de son côté notamment pour diffamation.
"A chaque nouveau harcèlement et depuis hier, à chaque nouvelle négation de mon innocence, -et je compte sur quelques écologistes pour franchir la ligne jaune à mon égard-, ce dossier est nourri et finira par des condamnations", a-t-il promis, dans une pique notamment à la députée Sandrine Rousseau, qui a remis en cause les conclusions des deux enquêtes internes.
Son avocate Marie Dosé a de son côté déploré qu'on laisse des cabinets d'avocats ou de consultants enquêter sur la vie d'une personne. "Ca peut arriver à tout le monde dès demain", a-t-elle mis en garde.
Une lettre, déjà signée d'une centaine de militants écologistes, appelle vendredi la direction à affirmer l'innocence de Julien Bayou et à lui présenter des excuses.
AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP