Inondations dans le Gard : "L’autoroute s’est transformée en fleuve"
Il est tombé l’équivalent de deux mois de pluie en trois heures sur le Gard. Des pluies diluviennes qui ont fait de nombreux dégâts. Stéphane Mas, automobiliste gardois, est pour sa part resté coincé dans sa voiture sur l’autoroute pendant le déluge. "Cela s’est passé très vite. Il y a commencé à avoir des embouteillages. Tout le monde a allumé ses feux de détresse, respecté les distances de sécurité. Tout s’est bien passé, on n’y voyait plus beaucoup, à 50 mètres. À partir d’un certain moment, les voies se sont réduites à deux au lieu de trois, l’eau commençant à ruisseler sur le côté."
"C’est arrivé très vite, les voitures ne pouvaient plus rouler. L’eau est arrivée aux rambardes de sécurité, témoigne cet automobiliste. Le temps de tourner la tête, on ne les voyait plus. Tout le monde a commencé à s’affoler, certains sont sortis des voitures. Nous étions tous arrêtés. Moi, je ne suis pas sorti de mon véhicule. L’eau a commencé à s’infiltrer. Le mur du terre plein central a cédé sous la force de l’eau. L’autoroute s’est transformée en fleuve, c’était l’apocalypse en quelques minutes. Cela a commencé à 11h30, les premiers sont sortis de l’autoroute à 15h. J’ai coupé mon moteur rapidement. Au début je n’ai pas eu peur. Je me suis dit 'ce n’est pas possible, je suis sur une autoroute'. Quand l’eau a passé les barrières de sécurité, là, je me suis posé des questions. Quel plan B ? Certains se sont mis sur le toit de leur fourgon."
Alerte pluies orageuses : "Il faut reporter tout déplacement non obligatoire"
Fait inédit : il a fallu aller jusqu’à hélitreuiller des automobiles sur l’A9. "La soudaineté du phénomène et 300 mm tombés en à peine 2 heures, c’est quasiment du jamais vu, confirme le Commandant Tanguy Salgues, responsable du centre de secours de Nîmes. Cela a provoqué des ruissellements très importants, notamment sur les axes routiers, secondaires et principaux, comme l’A9. La montée des eau a été violente et rapide sur cette autoroute, et il a fallu employer des moyens très importants pour pouvoir les en extirper." Faut-il rester dans sa voiture dans de telles circonstances ? "Cela dépend de la hauteur d’eau. Si le véhicule commence à être immergé, on ne pourra plus en sortir. Il faut casser une vitre et sortir du véhicule si l'on ne peut pas ouvrir la portière."
Les services de secours ont-ils déjà été confrontés à ce type de situation ? "Oui, notre région a déjà rencontré ce type de phénomène. Mais sur l’autoroute, non", reconnaît le Commandant Tanguy Salgues. "Sur d’autres axes routiers importants, c’est déjà arrivé. La pluie tombe tellement fort en très peu de temps que l’eau monte très vite et que les véhicules sont très vite emportés. C’est la conjonction d’événements non souhaités, comme on dit. Les axes deviennent rapidement impraticables. Bien que nous ayons des véhicules surélevés, heureusement que nous avons l’aide de moyens aériens pour aller au plus près des personnes en difficulté." Quelle est la situation le 15 septembre au matin ? "Elle est stabilisée, estime le responsable du centre de secours de Nîmes. Il ne pleut plus depuis mardi après-midi. Malheureusement, on nous annonce de nouveaux orages dans la journée. Nous mettons en place un dispositif pour y faire face. Il faut reporter tout déplacement qui n’est pas obligatoire pour éviter de se retrouver sur des axes routiers impactés par l’eau."
Décrue, nettoyage des rues : "ici, c'est le jour d'après"
Joffrey Léon, maire de la ville d’Uchaud (Divers Droite) a été surpris par la force du phénomène. "Cela a commencé à 8h30 du matin. Il faisait nuit noire à 12h30. Les pluies diluviennes sont arrivées et ne se sont jamais arrêtées : il n’y a pas eu une seule minute de répit. Nous étions en alerte orange, et à partir de 10h, nous sommes passés en alerte rouge. L’eau est arrivée du haut des collines, elle s’est heurtée à l’autoroute, et est passée par dessus. D’habitude, nous sommes inondés par le bas. Cette fois, l’eau est arrivée en amont, et non en aval de la ville, comme d’habitude."
Qu’ont fait les habitants de la commune ? "Nous avons évité le pire parce qu’aux alentours de 10h, nous avons demandé aux gens de rester chez eux et de ne pas aller chercher les enfants à l’école. L’école est située en hauteur, il était important que les gens restent le plus possible chez eux. Les routes étaient impraticables. Hormis une infime minorité, la plupart des gens ont écouté les consignes." Si les épisodes cévenols sont habituels en septembre, "on n’a jamais vu cela dans les 80 dernières années. Le village est inondé, j’ai entre 200 et 250 habitations qui ont pris l’eau au rez-de-chaussée. C’est un peu le jour d’après ici. C’est arrivé en 20 à 30 minutes. La décrue a été très longue, aux alentours de 18h à 19h. Toute la nuit, les pompiers ont nettoyé l’ensemble des rues. Il y a encore énormément de travail."
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