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Insécurité à la Guillotière - "L'impression de pisser dans un violon", déplore une commerçante

Par Augustin Moriaux

Les très médiatiques images des policiers lynchés à Lyon relancent les débats autour des réponses à apporter face à une délinquance urbaine et décomplexée. Les commerçants, excédés, en appellent à une réponse pérenne pour sauver un quartier dans lequel ils se sont installés sans savoir qu'il allait tant changer. Christine Bouillot recevait ce mardi, dans "Sud Radio Midi", Charlotte, commerçante depuis onze ans à la Guillotière. Le ministère de l'Intérieur évoque l'expulsion nécessaire de délinquants étrangers, la Mairie de Lyon est appelée à réagir et à trouver des solutions locales.

En plein cœur de Lyon, le quartier de la Guillotière a vu la délinquance augmenter ces dix dernières années. (Photo de Jeff Pachoud / AFP)

Haro médiatique depuis une semaine sur la Guillotière, ce quartier en plein centre de la capitale des Gaules. Et pour cause : trois policiers en civil ont été violemment assaillis par une vingtaine d'individus menaçants mercredi dernier. Ils venaient d'interpeller un délinquant en flagrant délit de vol à l'arrachée. Le ministre de l'Intérieur a certes réagi sur Twitter, les opérations "coup de filet" ne se sont pas fait attendre avec une quarantaine de policiers déployés hier sur les lieux, mais le problème d'insécurité locale ne date pas d'hier. En novembre dernier déjà, lorsque le McDonald's de la place Gabriel Péri décidait d'instaurer des horaires restreints - une fermeture des portes à 17 heures - et de vendre uniquement "à emporter" pour limiter les attroupements, le pâtissier Nicolas Pépin, installé non loin de l'enseigne, témoignait au micro d'André Bercoff sur Sud Radio.

Loin d'être un cas isolé, loin de voir le problème réglé...

Malgré les méfaits, beaucoup de riverains et de commerçants gardent un vif attachement au quartier ; c'est le cas de Charlotte, commerçante elle aussi. "C'est un quartier très vivant, avec des tas de bars, de restaurants etc". Puis de déplorer que "malheureusement, l'insécurité se répand dans toute la ville, aux Terreaux, sur les pentes de la Croix-Rousse, à Confluence aussi qui est pourtant un quartier tout neuf, tout pimpant. C'est concentré sur un secteur qu'on appelle le Triangle d'or et là, le niveau de délinquance est assez intense."

Seulement, "depuis le Covid, ça s'est empiré sur le plan de l'insécurité.", ajoute Charlotte sur Sud Radio. "Au mois de novembre dernier, il y avait beaucoup de rixes entre bandes du coin. Quand 20 à 60 personnes se tapent dessus et que vous vous retrouvez au milieu, même si ce n'est pas dirigé contre vous, vous avez envie de partir en courant."

Déçus par l'inaction de l'Etat, les commerçants comptent sur la municipalité pour prendre le problème à bras-le-corps

Le collectif La Guillotière en colère - dont faisait partie Charlotte - s'est auto-dissous le 12 juillet, "épuisé après 3 années de combat" (sic) infructueuses, faute de discussions constructives avec la municipalité. "Il y a des réunions tout de même qui se font, mais La Maison des Projets ne doit pas devenir le Bureau des Pleurs. On attend un planning clair de ce que la municipalité compte faire, elle qui a tout de même une forme de bienveillance à notre égard."

"Tous les jours, il y a de grosses interpellations, les policiers bossent. Ils tournent dans la rue ou en civil mais une accommodation s'est faite. Les mecs trafiquent des clopes au cul des camions de CRS. On peut continuer à faire des infractions en toute impunité à la Guillotière malgré la présence policière."

Quant à ce qu'attend Charlotte des autorités, le dépit s'impose. "Là-haut, ce sont tous des blablateurs, j'ai l'impression d'avoir un orchestre de trompettistes au-dessus de ma tête. Je ne m'attends pas à ce que ça bouge au niveau du ministère de l'Intérieur mais au niveau de ma mairie, je l'espère, car on a tous des beaux projets d'optimisation du quartier."

Quant aux critiques qui peuvent être adressées à ces riverains en colère, "on a tendance à taxer les gens de la Guillotière de gens d'extrême-droite mais si nous sommes installés ici, c'est aussi parce que la quartier est multi-ethnique, on n'a pas de problème avec ça. Mais quand ça fait des années que tu te sors les doigts du cul pour développer une affaire, rendre les gens heureux et que tout autour de toi est détruit... J'ai l'impression de pisser dans un violon face à un orchestre de trompettistes."

 

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