"Un monde de traçage individuel et de contrôle social"
L’entrée en vigueur du pass sanitaire en France pose-t-il des questions de liberté publique ? "Nécessairement, puisque désormais, votre liberté est soumise à votre santé, estime Thibault Mercier, avocat au Barreau de Paris, essayiste et président du Cercle Droit et Liberté. Ce pass sanitaire que l’on nous présente un peu comme un sésame pour la liberté retrouvée, en fait je pense que c’est tout l’inverse qui va nous arriver. On va vers l’inverse de la liberté, plutôt vers un monde de traçage individuel et de contrôle social."
"C’est un monde où vous devrez en permanence prouver que vous êtes en bonne santé pour avoir le droit de vivre en société. Il suffit de voir les images de ce qui se passe en Chine, où ce système est déjà en place. Chaque individu doit présenter son QR code à chaque coin de rue pour pouvoir avoir le droit de vivre une vie finalement quasi normale. En fait, ce pass sanitaire nous mène à un monde où seule la santé compte, et encore la santé réduite à la biologie."
"C’est un monde où la sécurité prend le pas"
Pour autant, la liberté ne passe-t-elle pas par le respect des autres ? "On voudrait nous réduire cela à une question de liberté individuelle contre liberté collective, avec d’un côté les égoïstes, les individualistes qui ne pensent qu’à eux, et de l’autre les gentils, qui pensent à la collectivité et aux plus vulnérables. Il s’agit plutôt d’une vision du monde : quel monde voulons-nous pour demain ?" Les députés européens ont également largement voté la création d’un pass sanitaire européen. "La différence principale avec le pass français est une question de compétences : l’Union Européenne est compétente en matière de transports. Le pass européen vous permettra de voyager en Europe cet été."
Ce pass sanitaire entraîne donc une restriction de nos libertés ? "Bien sûr, à chaque fois que vous voudrez aller quelque part, vous devrez prouver que vous avez fait un test PCR, antigénique. C’est soit un monde où la sécurité prend le pas, et où nous sacrifions nos libertés pour un peu plus de liberté et de confort, soit un monde où on accepte le risque et refuse le principe de précaution. Qu’est ce que cela annonce pour plus tard ? Une fois que le gouvernement aura découvert cet outil, j’ai bien peur que ce soit réutilisé et soit rendu plus strict encore." Quels recours sont envisageables ? "Vu la docilité du conseil d’État à valider en permanence les mesures du gouvernement, j’ai assez peu d’espoir."
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