C’est désormais officiel : insulter un maire sera bientôt considéré comme un outrage. Les associations d’élus ont été reçues le 2 septembre dernier. Mais concrètement, qu’est-ce que cela va changer ?
Des moyens humains pour la justice, la gendarmerie et la police
"Déjà, le fait qu’il y ait cette réunion interministérielle en présence des associations d’élus est un fait positif, estime André Laignel, premier vice-président délégué de l'Association des maires de France. Cela faisait des semaines que nous réclamions que le gouvernement se préoccupe de la montée importante des agressions à l’égard des élus de la république, en hausse de 20%. Et quand on agresse un élu de la République, c’est finalement la République qui est affaiblie." Au total, 233 maires ont déjà été agressés entre janvier et juillet de cette année.
Le fait de considérer une insulte comme un outrage simplifie-t-il la plainte ? "C’est plus symbolique, estime celui qui est aussi maire PS d'Issoudun. Ce que j’ai demandé, c’est qu’il y ait des moyens, que la couverture de sécurité soit plus importante, que les gendarmeries soient réorganisées pour mieux couvrir le territoire avec des effectifs amplifiés, que les commissariats reçoivent les effectifs dont ils ont besoin, supprimés ces dernières années. Et surtout que la justice soit en capacité de rendre une justice rapide, équitable, mais surtout efficace et exemplaire. Aujourd’hui, la justice est sans doute le service public le plus démuni de la république en moyens humains."
Les maires en première ligne depuis deux ans
Mais "il est vrai que c’est un phénomène de société, ça ne touche pas que les élus. Il faut aussi qu’il y ait tout un travail d’éducation, rappelle André Laignel. L’instruction civique doit reprendre sa place, le respect des institutions et de l’ordre doit continuer à être enseigné. Les maires, c’est le premier recours des citoyens, mais aussi souvent leur dernier espoir. Quand cet espoir n’est pas comblé, parfois des gens perdent toute raison."
Cette agressivité à l’égard des élus et plus largement de toute forme d’autorité est-elle due à l’actuelle crise sanitaire et aux restrictions qu’elle entraîne ? "En réalité, cela fait deux ans que l’on vit dans les crises, juge sévèrement le premier vice-président délégué de l'Association des maires de France. Lors de la crise des Gilets Jaunes, qui était en première ligne et a réussi que la république ne soit pas dévastée par ce mouvement ? Il y a eu toutes ces manifestations, que je considère comme justifiées, pour défendre les retraites. Et puis, il y a maintenant la crise sanitaire, et nous savons que la crise économique et sociale va s’y s’ajouter. Dans ce cadre, il y a des restrictions de liberté indispensables, et parfois d'autres exagérées. Dans ma ville, je n’ai pas instauré le port de masque car la situation ne le justifie pas. Nous n’avons quasiment eu aucun cas de Covid-19. Ceux qui le veulent portent le masque autant qu’ils le veulent, les autres doivent garder cette liberté tant que l’impératif sanitaire ne l’impose pas."
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