Après l’ouragan Irma, place à la reconstruction sur les îles de Saint-Barthélémy et de Saint-Martin, dans les Antilles françaises. Mais cette reconstruction, aussi bien physique que morale, n’a rien d’une sinécure pour certains. C’est le cas d’Alice, rapatriée de Saint-Martin et actuellement hébergée à l’hôtel à l’aéroport d’Orly depuis huit jours. Celle-ci regrette notamment le manque d’informations et de vision pour l’avenir. "Pour l’instant nous sommes juste hébergés, avec un toit et de la nourriture, ce qui est déjà beaucoup par rapport à ce que nous avions, mais ça n’avance pas bien vite», confie-t-elle. «Aujourd’hui, la consigne est de nous gérer au quotidien, pas de nous reloger. On cherche tous le point de chute, mais par nos propres moyens. Ce n’est pas forcément évident avec une situation de sinistré, des loyers qui sont encore à payer à Saint-Martin ou des frais qui ne peuvent pas encore être fermés (Internet, eau, électricité…)", ajoute-t-elle.
Alors que l’État a décrété l’état de catastrophe naturelle sur place, Alice pointe malgré tout des situation ubuesques d’un point de vue financier. "Les assureurs prennent en charge pour ce qui est des logements totalement détruits. Pour ceux qui ne sont pas détruits, nous sommes soumis au droit du bail. Donc préavis de trois mois, un mois si le logement est meublé… C’est un peu l’incohérence de cette catastrophe : on est parfois amenés à payer trois mois de loyer si notre logement n’a rien alors que l’île ne peut plus vivre – en tout cas pour accueillir les enfants – pendant un certain temps", regrette-t-elle.
"Il y a une entraide aussi forte qu’à Saint-Martin"
Souhaitant désormais rejoindre l’Alsace, la région qu’elle habitait par le passé, pour y scolariser ses enfants "au plus vite", Alice est reconnaissante envers la solidarité qui accompagne les réfugiés comme elle. "L’association France Horizon cherche à nous aider au mieux. Pour l’instant, ils nous hébergent à l’hôtel et des solutions seront trouvées par la suite. (…) Dans notre hôtel, on est entre 100 et 150 personnes, avec beaucoup d’enfants. Il y a une entraide aussi forte qu’à Saint-Martin, c’est ça qui est le plus beau dans cette catastrophe", dit-elle.
Mais la lenteur du dispositif de relogement a quelque peu du mal à passer, malgré tout. "Ma sœur est restée sur place. On en arrive à regretter de s’être fait rapatrier parce que Saint-Martin commence à se nettoyer et à refonctionner dans ses services publics. Même si c’est catastrophique et que l’île est dévastée, c’est une île à laquelle on tient. C’est tout une identité de vie qui est partie en fumée. Je pense que j’y retournerai, mais pour le bien des enfants il faut que les choses soient remises en fonctionnement total et que la vue ne soit plus apocalyptique", assure-t-elle.
Réécoutez en podcast l’interview d’Alice dans le Grand Matin Sud Radio