Après plusieurs semaines de vacances, l’heure est à la rentrée pour des millions d’élèves et d’enseignants un peu partout en France. Une rentrée placée sous le signe de la nouveauté puisque c’est la première du quinquennat d’Emmanuel Macron et du nouveau ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Professeure de français et de latin au collège depuis 25 ans, Isabelle Dignocourt est l’auteure de "L'Éducation nationale, une machine à broyer" (éditions du Rocher). Invitée du Grand Matin Sud Radio, elle se réjouit notamment du retour programmé du latin, mais reste très prudente.
"Les classes de latin sont rétablies dans les paroles. Dans les actes, j’attends de voir encore. Lorsqu’un arrêté est publié au mois de juin, la rentrée est déjà bouclée. Les mois de rentrée se font en janvier-février, c’est là que les heures sont distribuées. Dans mon établissement, mon chef d’établissement, qui tient à l’enseignement du latin, n’a pas pu rétablir les heures pour la rentrée", prévient-elle.
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— Sud Radio (@sudradio) 4 septembre 2017
"On essaie de s’en sortir, et avec des heures qui ne cessent de diminuer"
Témoignages à l’appui, l’enseignante évoque également le niveau de certains élèves arrivant aux collège sans même avoir des bases complètes en lecture ou en écriture. "Au collège, nous ne sommes pas formés à l’apprentissage de la lecture ou de l’écriture, donc on fait comme on peut avec la meilleure volonté du monde. On essaie de s’en sortir, et avec des heures qui ne cessent de diminuer. En français, j’ai commencé ma carrière avec six heures de français par semaine pour une classe d’élèves ; aujourd’hui un professeur de 6ème n’a plus que quatre heures et demi", déplore-t-elle.
Dès lors, en demande-t-on trop aux enseignants ? Oui, selon Isabelle Dignocourt, et ce dès l’école primaire. "On demande énormément aux professeurs des écoles. J’ai commencé ma carrière en primaire et j’ai des enfants qui viennent de quitter le primaire, donc j’ai pu comparer ce que je faisais à l’époque et ce que les professeurs des écoles doivent faire aujourd’hui. On leur demande toujours plus dans un temps réduit. Forcément, ils ne peuvent pas approfondir de la même manière", regrette-t-elle.
Soulignant que "l’école est aussi un lieu de plaisir", Isabelle Dignocourt appelle à un changement de mentalité autour de l’école. "Il y a toujours ce discours qui dit que l’apprentissage est contraignant, qu’il faut passer par des choses ludiques, etc. On a l’impression qu’apprendre est quelque chose de terrible et fait mal. Mais non, ça peut aussi être un plaisir !", assure-t-elle.
Retrouvez l’intégralité de l’interview d’Isabelle Dignocourt dans le Grand Matin Sud Radio