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Jacques Attali : "Il n'y a pas eu de tournant en 1983"

Par La Rédaction

Jacques Attali, écrivain, professeur, haut fonctionnaire, conseiller spécial du président de la République François Mitterrand pendant dix ans, auteur de "Il y aura d'autres jolis mois de mai" (éditions Fayard), était l’invité d’André Bercoff, lundi 10 mai, sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Jacques Attali invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Il y a quarante ans, François Mitterrand arrivait au pouvoir, conseillé par l'économiste Jacques Attali qui a instauré une relation quotidienne avec le Président. Avec un peu de recul, il revient sur le bilan de deux mandatures socialistes à la tête de la France.

"Une légende fausse qui s'est installée comme une vérité"

Le premier mandat socialiste de l'histoire de la Ve République a donné lieu à des mesures qui sont restées et qui resteront. Mais contrairement aux idées reçues, le grand tournant de 1983 serait "une légende fausse qui s'est installée comme une vérité", rectifie Jacques Attali. Pour lui, ce sont d'abord les réformes de 1981 qui ont "changé la vie", avec notamment l'abolition de la peine de mort, la dépénalisation de l'homosexualité, la retraite à 60 ans ou encore les 39 heures.

Selon l'économiste, "il y aurait pu avoir un tournant à droite si on avait renoncé à nos réformes ou à gauche avec une fuite en avant", mais François Mitterrand a choisi "la consolidation". Le président socialiste n'aurait fait ni plus ni moins que de "tenir son programme". "Il n'y a pas eu de nouveau programme, il n'y a pas eu de tournant, mais un essoufflement", concède Jacques Attali.

 

"Toutes les nationalisations prévues ont été mises en œuvre"

"Toutes les réformes prévues ont été faites", rappelle l'ancien conseiller spécial de François Mitterrand qui insiste : "ce qui n'a pas été fait, ce sont les réformes non prévues, c'est-à-dire aller plus loin dans les nationalisations", indique-t-il. Assurant que "toutes les nationalisations prévues dans le programme ont été mises en œuvre", il rappelle que c'est en 1986, que le gouvernement est revenu dessus, "lorsque c'était un gouvernement de droite", souligne l'intellectuel.

Jacques Attali réfute tout recul. "C'est pour ça que c'est un mythe le tournant", estime-t-il. Et si des millions d'électeurs attendaient une politique de rupture avec le capitalisme du libre-échange, "ce n'était pas prévu dans le programme", rappelle l'économiste. "Pour aller vers la rupture totale, il aurait fallu faire un choix que Mitterrand a failli faire, celui de s'isoler, de rompre avec l'Europe", explique-t-il en rapportant que le Président de l'époque "a préféré maintenir la démocratie et construire l'Europe".

 

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

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