Alors que la France fait face à une deuxième vague de contaminations par le Sars-CoV-2, les infirmières, à contre-coeur, abandonnent l’hôpital public. Lionel Maillet en a rencontré deux qui se sont décidées face à l’inaction des pouvoirs publics et le manque de reconnaissance. Reportage de Lionel Maillet.
"Le système, il est à bout de souffle, ce n’est plus possible"
Aude Bidaubayle, infirmière de 28 ans, a décidé de partir dans le libéral car elle n’en peut plus de l’hôpital public. Mardi 20 octobre 2020, c’était sa dernière nuit en réanimation. "Je suis partie une première fois en ayant déjà ras-le-bol de l’hôpital public", avant de revenir cinq mois plus tard "pour prêter main forte à mes collègues" dans le cadre de la gestion de la pandémie. "Toujours, la bonne volonté, c’est que dans un sens", déplore-t-elle.
L’hôpital public manque de moyens depuis bien plus longtemps que le début de la crise de la Covid-19 ; les manifestations avaient d’ailleurs été nombreuses en 2019 pour réclamer de meilleures conditions de travail, une hausse des salaires et une augmentation des effectifs. Aude, de son côté, a décidé de partir dans le libéral car la rémunération y est bien plus intéressante : "je vais a minima doubler mon salaire", explique-t-elle. "Le système, il est à bout de souffle, ce n’est plus possible."
"Je ne peux plus être infirmière, j’y arrive plus"
Mariz Struzik, infirmière en réanimation à l’hôpital de la Timone à Marseille, a le même ressenti. Formée rapidement pour aider à gérer la crise de la Covid-19, elle est à bout de forces : "j’ai l’impression d’avoir pris dix ans en six mois, parce qu’on a été les plus exposés et on a été les moins récompensés". "Clairement, c’était du foutage de gueule."
Elle explique ne pas avoir eu "la prime Covid", que le gouvernement "promet de nous augmenter les salaires et finalement c’est repoussé de mois en mois...". "Je ne peux plus être infirmière, j’y arrive plus", déclare-t-elle ; elle a donc décidé de ne pas demander de renouvellement de son CDD.
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