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"Je vais mourir": à l'annonce du confinement de 2020, la détresse d'Amandine, morte affamée par sa mère

"Lola, je vais mourir": morte affamée par sa mère, en août 2020, la jeune Amandine était terrifiée à l'idée de retrouver sa famille, cinq mois plus tôt, pour le confinement, a témoigné jeudi une surveillante de son internat, devant les Assises de l'Hérault.

PASCAL GUYOT - AFP/Archives

"Lola, je vais mourir": morte affamée par sa mère, en août 2020, la jeune Amandine était terrifiée à l'idée de retrouver sa famille, cinq mois plus tôt, pour le confinement, a témoigné jeudi une surveillante de son internat, devant les Assises de l'Hérault.

Au quatrième jour du procès de la mère d'Amandine, Sandrine Pissarra, 54 ans, et de son beau-père, Jean-Michel Cros, 49 ans, dont le verdict est attendu vendredi, une surveillante de l'internat du dernier collège fréquenté par l'adolescente, à Sigean (Aude), a raconté cette soirée du lundi 16 mars 2020, lorsque le président Emmanuel Macron annonce le confinement du pays dès le lendemain, face au Covid.

"Le soir où le président a annoncé que le collège allait fermer, les garçons ont sauté de joie, c'était les vacances. Amandine, elle, s'est effondrée au sol. Elle m'a dit: +Lola, je vais mourir. Combien de temps ça va durer ? Je ne vais pas tenir+". Elle le répétait en boucle, elle pleurait, elle n'arrivait plus à respirer", rapporte, visiblement très émue, la jeune femme de 28 ans.

Le lendemain, Amandine rentre donc chez elle. Mais elle ne reprend pas les cours en mai, à la levée d'un isolement contraint de deux mois. La plupart du temps enfermée dans un débarras, privée de nourriture, rouée de coups par sa mère, la collégienne mourra moins de trois mois plus tard.

Le 6 août 2020, jour de son décès d'un arrêt cardiaque et d'une septicémie, au domicile familial de Montblanc (Hérault), près de Béziers, la collégienne ne pèse plus que 28 kg pour 1,55 m.

Jugée pour "actes de torture ou de barbarie", notamment de l'avoir affamée volontairement, des faits qu'elle a reconnus pour la première fois mardi en fin de journée, sa mère encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Son compagnon de l'époque risque lui jusqu'à 30 ans de réclusion pour avoir "privé de soins ou d'aliments" sa belle-fille et n'avoir rien fait pour la sauver.

- "Banalité du mal" -

"Avant le confinement, si on mangeait des frites, elle (Amandine, ndlr) avait des haricots verts ou du céleri", explique Jean-Michel Cros, appelé à nouveau à la barre jeudi. Puis les privations et punitions s'aggravent, sans que cet homme, unanimement décrit comme bienveillant par son entourage, mais soumis à sa compagne, n'ose y mettre fin.

"Oui, c'est devenu banal. A la longue, ça s'est mis en place, on s'y habitue", tente-t-il d'expliquer au président de la cour d'assises, Éric Emmanuelidis, qui évoque le concept de "banalité du mal" développé par la philosophe Hannah Arendt à propos du régime nazi et de l'Holocauste.

Comme en écho aux images des camps de concentration, le magistrat fait alors projeter des captures d'écran de celles prises par les caméras de surveillance installées dans le débarras où était confinée Amandine.

Sur la première, l'adolescente apparaît nue, déjà très amaigrie, à genoux sur un rouleau de lino, les mains dans le dos. Sur la seconde, prise de face, elle est toujours nue et encore plus maigre. Telle une marionnette désarticulée, elle s'appuie sur un meuble, les jambes croisées dans une position peu naturelle.

Jean-Michel Cros assure qu'il n'avait jamais vu ces images: "Comment on peut faire ça à un enfant, c'est dégueulasse, inhumain", lâche-t-il, répétant qu'il ne s'est rendu compte de rien, qu'il ne comprend pas pourquoi cela ne lui a pas sauté aux yeux, que ça aurait dû, qu'il était sous la coupe de sa compagne, qu'il s'était remis à boire, qu'il "donnerait sa vie" pour qu'Amandine revienne.

Après un nouvel interrogatoire de Sandrine Pissarra par la cour, prévu jeudi après-midi, ce sera au tour des parties civiles de plaider, avant le réquisitoire du parquet et les plaidoiries de la défense, qui pourraient donc avoir lieu vendredi.

La cour se retirera ensuite pour délibérer.

Par Philippe SIUBERSKI / Montpellier (AFP) / © 2025 AFP

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