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Jean-François Colosimo : "Recep Tayyip Erdogan se voit en Atatürk, en refondateur"

Par La Rédaction

Jean-François Colosimo, éditeur, écrivain, auteur de "Le Sabre et le Turban – Jusqu’où ira la Turquie ?" (éditions du Cerf) était l’invité d’André Bercoff, mardi 1er décembre, sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Jean-François Colosimo invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Notre vision des pays étrangers est souvent déformée selon notre prisme qui nous pousse "à rechercher un bon pays et un mauvais pays", souligne Jean-François Colosimo. Et la Turquie n'échappe pas à la règle.

"La Turquie avait réalisé que les nations européennes ont tué l'Empire ottoman"

Dès lors que Mustafa Kemal Atatürk européanise la Turquie, il endosse le costume de "séducteur, de libéral et d'une figure messianique pour l'Europe qui sort de la Première guerre mondiale". Surtout que dans ce contexte, la Turquie semble choisir l'Occident "sans même avoir été colonisée", note l'éditeur. Mais de quelle Europe s'agit-il ? "Celle des jeunes Turcs, de ces militaires, de ces sabres et de ces fameux guerriers", explique-t-il soulignant que "la Turquie avait réalisé que les nations européennes ont tué l'Empire ottoman".

L'Europe de Kemal, "c'est l'Europe de 1793, de la Terreur, sans dimension libérale", explique le spécialiste. Même s'il n'est pas responsable du génocide arménien, Atatürk étant sur le front, la Turquie "embraye par la suite sur la négation du génocide commis par les jeunes Turcs". Un siècle plus tard, cette négation est toujours dans la Constitution, note Jean-François Colosimo. Kemal gagne la guerre et récupère la Turquie telle que nous la connaissons aujourd'hui grâce au traité de Lausanne. "Mais il revendique Alep et Mossoul et c'est Londres et Paris qui lui disent stop", rapporte l'éditeur.

"Les kurdes sont toujours dans une situation de négation totale"

Près d'un siècle plus tard, Erdogan et ses troupes sont à Alep et Mossoul. "Le si gentil européen Atatürk massacre les Kurdes de 1923 à 1928", rappelle Jean-François Colosimo. "Aujourd'hui, les kurdes sont toujours dans une situation de négation totale", note-t-il. Au sujet de la laïcité, où le critère a longtemps été mis en avant au sujet de l'ère moderne en Turquie, l'écrivain rappelle comment Atatürk a mis au pas l'islam. "Il a dit que tout le monde était ethniquement turc et musulman sunnite", rapporte-t-il. Une invention qui permet "de dire que l'on vit dans un pays laïc et que la religion n'interfère plus dans les affaires de l'État".

Au final, Recep Tayyip Erdogan se voit en Atatürk, "comme le refondateur d'un pays qui est plongé dans une course à l'abyme car il vit dans l'angoisse de ne pas avoir pu être". "Il ne connaît pas ses limites car ce sont les puissances européennes qui ont retaillé ce pays dans un grand empire", rappelle Jean-François Colosimo qui voit en la Turquie "un pays obsédé par les ennemis intérieurs qui ne correspondent pas au moule turc et sunnite (arméniens, juifs, grecs, kurdes, arabes...)".

 

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