Jean-François Kahn : "Aurait-on dû désigner Mélenchon vainqueur par décret ?"

vendredi 15 avril 2022 à 14:43

Société

Bien avant l'élection présidentielle de 2022, Jean-François Kahn avait écrit deux livres, l'un sur la fin du Parti socialiste, l'autre sur l'ascension de Marine Le Pen. Il était l’invité de "Bercoff dans tous ses états".

Jean-François Kahn a fondé l'hebdomadaire "L'Événement du jeudi" en 1984, puis "Marianne" en 1997.

Jean-François Kahn : "On regarde les choses et on dit ce qu’on croit devoir dire sur cette réalité"

Jean-François Kahn défend un journalisme d’opinion honnête. "Je trouve inconcevable de me dire : je ne sais pas ce qui va se passer, mais je sais déjà quoi en penser. Imaginez, je suis un journal d’opposition : je ne sais pas ce que va faire le pouvoir, mais je sais que je suis contre. C’est absurde."

"L’Événement du jeudi" et, plus tard, "Marianne", qui lui a succédé, se revendiquent d’ailleurs comme des magazines qui ne s’inscrivent pas dans la logique gauche-droite. "On a pris des positions sur le plan social qui peuvent être considérées comme très à gauche. Et on a pris des positions sur l’immigration, sur la sécurité publique, qui nous classent très à droite. On regarde les choses et on dit ce qu’on croit devoir dire sur cette réalité, sans se poser la question si c’est de droite ou de gauche."

"À 'L’Événement du jeudi', puis à 'Marianne', on s’était dit : 'il faut prendre en compte le réel'. Dans le réel il y a notamment le problème de l’immigration. Si vous ne l’abordez pas, vous ne pouvez pas vous plaindre que certains l’abordent d’une façon qui ne vous plaît pas, vous n’avez qu’à l’aborder de la façon qui vous plaise. Quant à la délinquance, il faut bien aborder cette question, il ne faut pas se défausser en disant on ne va pas aborder cette question-là." Il faut aussi rappeler qu’à son lancement en 1997, Marianne n’avait pas été du goût du pouvoir en place. "J’ai été mis en examen 230 fois. Le premier numéro de Marianne a été saisi. C’était la première fois depuis la guerre d’Algérie !", s’est exclamé Jean-François Kahn.

"Aurait-on dû désigner Mélenchon vainqueur par décret ?"

Jean-François Kahn a également tenu à commenter l’élection présidentielle française. "55% des gens ont voté pour des partis radicalement contestataires. Ils ont combien de députés à l’Assemblée nationale ? 6%. Et il y a encore pire : la droite libérale a fait moins de 5%, mais ils ont la majorité absolue au Sénat.

Regardez ces étudiants de la Sorbonne et de Sciences-Po qui protestent contre les résultats des élections. Cela veut dire quoi ? Qu’on aurait dû désigner Mélenchon vainqueur par décret ? Je trouve ça absolument extraordinaire. Pour ce qui est de ma position, j’ai écrit deux livres aux titres parlants : 'Pourquoi il faut dissoudre le PS' et 'Marine Le Pen vous remercie'. C’était pour dire : 'vous allez faire élire Marine Le Pen avec toutes vos conneries'."

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