Jean-Marc Dumontet était l'invité de Patrick Roger le 6 mai 2020 dans l’émission "C’est à la une" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10.
"Avec ces contraintes, je ne vois pas trop la magie du spectacle opérer"
Interrogé sur le rapport de l’infectiologue François Bricaire, qui recommande toute une série de mesures pour la réouverture des salles de spectacle (espacement des sièges, port du masque obligatoire, latence entre les représentations…), Jean-Marc Dumontet a répondu : "je suis extrêmement sceptique à la lecture de ce rapport. Cela ne me paraît pas du tout correspondre à l’état d’esprit que doit être un moment de théâtre. Un moment de théâtre doit être un moment privilégié où les acteurs doivent être portés par les spectateurs. Toutes ces contraintes me font penser que l’esprit de fait ne sera pas au rendez-vous si on appliquait ces procédures extrêmement contraignantes. Je vois mal un spectacle joué avec un quart des spectateurs, et tous arborant un masque. Je ne vois pas trop la magie du spectacle opérer à ce moment-là. Et puis, il y a la question économique qui se pose : comment voulez-vous fonctionner avec 25% de votre chiffre d’affaires ?"
"Il vaut mieux attendre jusqu’à ce que les conditions sanitaires soient réunies"
"Il faut qu’on trouve tous des solutions, qu’on se retrousse les manches, il faut qu’on retrouve le chemin de nos salles. Mais on ne peut pas proposer des spectacles tronqués, dans une ambiance pesante où chacun épie son voisin et où les gestes sanitaires empêchent des mises en scène innovantes de se mettre en place.
Je crois qu’il va falloir qu’on fasse preuve de patience. Il faut évidemment qu’on retrouve le chemin de nos salles, mais quand les conditions sanitaires seront parfaitement réunies. Et quand le public viendra léger et sans aucune appréhension", a poursuivi Jean-Marc Dumontet.
"On a été les premiers à fermer et on ne saura pas quand on pourra rouvrir"
S’agissant des mesures de soutien pour le monde du spectacle et de la culture en général, qu’Emmanuel Macron doit annoncer le 6 mai 2020, Jean-Marc Dumontet a déclaré : "on ne doit pas s’attendre au grand soir, et que tout soit résolu par l’État. On se leurre totalement si on pense ça. Je pense que c’est à nous tous de nous retrousser les manches, de faire des propositions, des suggestions, de nous réiventer, d’innover. On est comme toutes les entreprises, sauf qu’on est très malmenés parce qu’on a été les premiers à fermer et on ne saura pas quand on pourra rouvrir.
Tant qu’on est totalement à l’arrêt, j’espère qu’on pourra continuer à bénéficier des reports de charges et du chômage partiel. Après, dans le secteur il y a beaucoup de personnes qui ne sont pas couverts par le chômage. Les auteurs, les metteurs en scène, les attachés de presse indépendants font partie de cette catégorie d’acteurs du monde culturel qui, n’étant même pas intermittents, sont passés entre les mailles du filet et ne bénéficient d’aucune protection.
Je pense qu’il faut flécher les aides vers les plus fragiles pour empêcher que le secteur sombre. Et puis ce sera au secteur, puisqu’il n’aura pas sombré, de se réinventer et de mettre les bouchées doubles pour qu’il y ait urgence pour le spectateur de revenir voir nos beaux spectacles".
"La télé est très demandeuse de programmes liés au monde du spectacle"
Interrogé sur la télévision comme une potentielle voie à explorer pendant que les salles de spectacles restent fermées, Jean-Marc Dumontet a estimé : "la télé a besoin de flux, la télé ne peut plus produire aujourd’hui. Donc la télé est très demandeuse de programmes liés au monde du spectacle. Par exemple France Télévisions a vraiment mis en branle des moyens pour nous accompagner".
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