Il y a quarante ans, l'humoriste Coluche déclarait sa candidature à l'élection présidentielle de 1981. Jean-Michel Vaguelsy revient sur cette période politique qui bouleversa les clivages traditionnels. De technicien, il allait passer secrétaire particulier du candidat et le suivra jusqu'à son renoncement.
"La plus belle farce"
Alors qu'il apprend de la bouche de Coluche qu'il allait se lancer dans la campagne présidentielle, Jean-Michel Vaguelsy confie sa réaction "un peu contrastée" qui s'en suivit. "D'une part, j'étais flatté et d'autre part j'avais la trouille", se souvient le secrétaire particulier de l'humoriste. Le lendemain, "je suis venu chez lui avec un cartable, des crayons et un cahier pour dire que j'allais arrêter d'être technicien et que j'allais rentrer dans une sorte de rôle intellectuel qui me terrorisait", témoigne l'auteur du livre racontant cette période.
Une annonce qui était à la fois "sérieuse et une farce". "Je pense que c'est la plus belle farce que l'on a fait et plus on va avancer dans la campagne, plus les lettres s'amoncellent", raconte-t-il. Du courrier dans lequel "des gens racontaient des histoires d'injustices et auquel il fallait répondre". "Quand on voyait les angoisses monter de ce courrier, on riait jaune", se souvient Jean-Michel Vaguelsy.
Un contexte particulier
Cette actualité s'inscrit dans une époque particulière, où il y a "trois chaînes de télévision, trois radios et une sorte d'expression complètement verrouillée et surtout un refus de l'existence de toutes ces minorités humaines dont l'appel parle", rappelle le témoin de l'époque. "C'est ça qui va soulever", pense-t-il, alors que la France connaît "la bascule", entre les Trente glorieuses et l'État providence.
Au total, Coluche ne recueillera que onze parrainages de maires sur les 500 nécessaires pour pouvoir se présenter. "Cette campagne a été une descente aux enfers", se souvient-il, d'une part car l'humoriste connaissait "une période personnelle compliquée", qu'il devait assurer chaque soir ses spectacles au théâtre du gymnase. "La censure a commencé à s'instaurer de manière forte, on a appris beaucoup plus tard qu'elle avait été ordonnée par le ministre de l'Intérieur de l'époque", se rappelle Jean-Michel Vaguelsy. "Il y avait des attaques de toute part, la gauche le traitait de Poujadiste. À un moment donné, sa parole est interdite, il ne peut plus parler", témoigne son secrétaire particulier.
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