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Jean-Paul Pelras : "Nous avons perdu trois paysans sur quatre dans le Midi"

Par La Rédaction

Jean-Paul Pelras, journaliste, écrivain, agriculteur, rédacteur en chef du journal "L’Agri", auteur du livre "Le journaliste et le paysan" (éditions Talaia) était l’invité d’André Bercoff mercredi 20 mai sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

agriculteurs
Vers une extension en France du mouvement de protestation des agriculteurs en France ? (Jean-François Monier - AFP/Archives)

Agriculteur dans le Midi de la France, Jean-Paul Pelras s'est toujours porté pour la défense des productions agricoles face aux concurrences déloyales venues de l'étranger. Aujourd'hui, il explique les difficultés du métier, particulièrement dans le Sud de la France.

Les paysans français en concurrence avec leurs voisins

"Je fais partie de ces paysans du midi de la France qui pour beaucoup ont dû plier boutique", s'introduit Jean-Paul Pelras. La faute notamment aux "importations, aux distorsions monétaires, sociales et aujourd'hui environnementales", qui frappent de plein fouet les paysans, estime-t-il. L'illustration la plus flagrante est la hauteur du SMIC. "Il est à 14 euros de ce côté des Pyrénées, 7 euros de l'autre côté avec des importations provenant du Maroc dont la masse salariale est de 5 euros par jour", s'insurge l'agriculteur.

L'ancien syndicaliste du monde agricole fait le triste constat d'un combat perdu. "Chaque fois qu'on a voulu expliquer ça, on s'est toujours fait avoir, parce qu'on nous a dit qu'il fallait attendre, que c'était géopolitique", regrette-t-il. "En attendant, nous avons perdu trois paysans sur quatre dans le Midi", rappelle le journaliste. "On s'est toujours fait avoir parce qu'on a toujours négocié après on est monté au créneau mais ça n'a pas suffit", estime-t-il, jugeant le relais des agriculteurs "pas assez bon".

Du traité de Rome à la permaculture

Pour Jean-Paul Pelras, le déclenchement de cette politique de destruction du monde paysan date de 1957, avec le traité de Rome. "C'est là que tout a été décidé", estime-t-il. "On a dit, on va faire produire dans les pays méditerranéens là où on peut fixer la main-d'œuvre et puis on va leur envoyer les eaux virtuels de la Méditerranée parce qu'ils n'avaient pas les moyens d'arroser", rapporte l'écrivain. La première raison de ces choix, comme lui démontra le président Jacques Chirac en 1996, "c'est géopolitique".

Selon l'agriculteur, après l'économie, l'autre danger pour les agriculteurs proviendrait du camp environnementaliste. "Aujourd'hui, il y a des gens qui estiment savoir ce qui est bien pour nous", s'indigne-t-il. "Le jour d'après sera compliqué pour le monde agricole", prévient Jean-Paul Pelras qui regarde avec inquiétude cette crise économique arriver. "On  a une agriculture qui pèse 75 milliards d'euros et il faut nourrir 67 millions d'habitants", rappelle le journaliste qui précise "qu'on ne va pas nourrir 9 milliards d'êtres humains dans le monde avec du bio et de la permaculture, ce n'est pas possible !".

 

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