À l’occasion de la sortie de son livre, Bréviaire de la destruction, la justice politique à l’œuvre, chez Fortuna Éditions, Jean-Philippe de Garate est revenu au micro d’André Bercoff sur les concepts de justice et de vérité
Jean-Philippe de Garate : "En France, la justice c’est une administration"
L’ancien avocat et magistrat, Jean-Philippe de Garate a abordé la situation actuelle de la justice en France. Il a d’abord estimé que la vision était claire. "Les choses sont très simples. En France, il y a deux choses, l’État et le reste" explique-t-il avant de comparer l’État à une succession de bureaux. Ainsi, il s’agit de "bureaux fiscaux, scolaires, militaires et judiciaires" et comme tout bureau, on y retrouve "des meubles, du papier, beaucoup de papiers et quelques humanoïdes".
Pour Jean-Philippe de Garate, cette déshumanisation de la justice qui se transforme en bureau est un problème, "les gens ont affaire à une administration alors qu’ils pensent avoir affaire à une valeur". Car oui, Jean-Philippe de Garate définit simplement la Justice française : "En France la justice, c’est une administration". Une administration qui perd de vue la valeur de vérité.
"Le pire en France, c’est que l’on parle de vérité judiciaire"
Jean-Philippe de Garate rappelle que "la première valeur, ce n’est pas la justice mais c’est la vérité. Et il y a un certain nombre de personnes, et c’est mon cas, qui croient en la vérité et la justice n’est là que pour faire apparaître la vérité." Ainsi, Jean-Philippe de Garate estime que la justice française a perdu de vue cette mission de vérité. "Quand on a un mauvais système, quand on a une mauvaise procédure, quand on a un droit romain qui est fait de formes peut-être faudrait-il s’interroger sur ce système" explique l’ancien juge pour enfants qui estime que l’approche anglo-saxonne faite de questions croisées est peut-être un premier pas.
Selon lui, le système anglo-saxon qui prévoit qu’un prévenu ou un témoin soit interrogé par plusieurs avocats, puis par l’équivalent d’un procureur permet de mieux cerner la vérité. Il prend un exemple simple pour expliciter son propos : "Si je vous dis que votre veste est rouge et que la question se pose et que l’on constate qu’elle n’est pas rouge, alors on s’approche de la vérité".
Jean-Philippe de Garate regrette la vision française, mettant en avant que "le pire en France, c’est que l’on parle de vérité judiciaire alors il faudra m’expliquer un jour ce que veut dire vérité judiciaire. Il n’y a qu’une vérité, et il n’y a pas de hiérarchie dans la vérité".