L'engouement pour la nourriture bio dans le pays n'est plus à démontrer. Les Français veulent du bio, c'est un fait mais à quel prix ? Bien souvent à des tarifs excessifs. L'association "UFC Que choisir" doit d'ailleurs sortir ce mardi une enquête portant sur les marges réalisées par la grande distribution sur les produits bio. On en parle avec Jean Verdier (président de Synabio, syndicat national des entreprises bio).
Bonjour Jean Verdier, est-ce qu'on se donne vraiment les moyens aujourd'hui de proposer des produits bio ?
Aujourd'hui, il y a une demande, un enthousiasme très fort de la part des consommateurs, de nous tous puisque 80% des Français ont consommé des produits bio...
...80% ont testé mais ne consomme pas au quotidien, c'est ça ?
...oui oui mais il y a des consommateurs réguliers qui sont très importants. On a aujourd'hui une croissance qui est la plus belle d'Europe, de l'ordre de 20% de la demande...
...21 nouvelles fermes bio par mois en moyenne, c'est bien ça ?
...non par jour, c'est très puissant ! Mais pour ça il faut l'accompagner. Est-ce qu'on imaginerait la transition énergétique s'il n'y avait pas eu d'accompagnement. Maintenant, avec le recul, on se dit que ç'a fonctionné. Il en va de même pour la transition écologique et alimentaire.
Beaucoup voudraient consommer du bio mais se demandent si ça ne pourrait pas être à un prix plus raisonnable. Est-ce qu'il n y aurait pas un effort à faire, peut-être de la part de la grande distribution, à ce niveau-là ?
On va attendre que l'enquête d'UFC sorte, on va voir un peu ce qu'il en est et après on pourra commenter les chiffres. Ce qui est certain, c'est qu'il y a une demande et aujourd'hui, à l'occasion des États généraux de l'alimentation, notre position - autant celle des agriculteurs que des transformateurs et des magasins spécialisés - est de demander le soutien de ce programme. Nous sommes quand même dans un paradoxe formidable. Il y a une demande, nous avons l'occasion de créer des emplois puisqu'il y a une croissance de 8% par an des emplois dans l'agriculture biologique qui emploie à peu près 120 000 personnes. Par ailleurs, c'est un apport quand même pour la nature, pour la santé...
Quand je vous entends, je me dis que c'est formidable mais si tous les agriculteurs ne s'y mettent pas, c'est bien parce que la conversion coûte chère.
Justement, cette reconversion, il faut l'accompagner et on a eu un épisode cet été où il manquait justement quelques sous. La deuxième chose, c'est qu'il faut accompagner la croissance. On a un secteur qui marche, pourquoi on y va pas ?
Mais alors, qui doit donner l'argent ? L'État et le gouvernement doivent davantage accompagner ?
Il y a, d'une part, l'État qui accompagne, ensuite l'Europe. Et puis il y a les régions. Je crois que les financements des agriculteurs se font à ces trois niveaux. Il faut savoir que le Brexit va manquer dans le budget de la PAC, il va manquer des sous parce que les Anglais ne cotiseront plus. On en parle pas mais c'est important. Indépendamment de ça, il faut déjà boucler l'élan et ensuite l'accélérer. Il faut absolument que l'État français, au moment des États généraux, prenne une décision importante.
Il faut peut-être que les prix soient raisonnable également car la différence aujourd'hui entre les produits bio et classiques, est de l'ordre de 15%, n'est-ce pas ?
Oui 15 à 20%. les prix sont contrastés, ça dépend un peu des métiers et de la saison. Mais il faut savoir que c'est beaucoup de travail.
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