Jérôme Fourquet décrypte les annonces du chef de l'État, lors de sa quatrième allocution télévisée depuis le début de la crise du coronavirus. Un changement de cap pour Emmanuel Macron mais pas suffisant, selon lui, pour calmer l'inquiétude grandissante des Français, sur les lendemains de la crise sanitaire.
"Une volonté d'indiquer un cap"
"On n'est plus dans le chef de guerre", note Jérôme Fourquet au lendemain du discours du président de la République. Le statisticien souligne néanmoins "une volonté d'indiquer un cap" de la part de l'exécutif. Une ligne inattendue selon lui, "personne ne pensait qu'il donnerait une date de sortie du confinement". "Un élément important", estime le directeur du département "Opinion et stratégie d'entreprise" à l'Ifop, même s'il constate que "ça va être compliqué et que les modalités ne sont pas définies".
En termes de stratégie de communication, Jérôme Fourquet remarque que "le président avait à cœur de manifester une forme de mea culpa sur les ratés que le dispositif gouvernemental avait connu". "Ce n'est pas tous les quatre matins que des politiques se livrent à ce genre d'exercice", reconnaît-il. Mais dans ce discours, l'auteur de L'Archipel français repère "des artifices, comme la multiplication par cinq du nombre de masques produits". "Il y a un espèce de flou qui demeure sur la logistique médicale, les tests, la distribution de masques parce que le compte n'y est toujours pas. Il faut gagner du temps dans la communication, c'est ce que le président a plus ou moins essayé de faire", analyse Jérôme Fourquet.
Une inquiétude sous-jacente
Si l'inquiétude sanitaire est toujours présente, à travers les questions des masques, des soignants, des tests, le statisticien voit "monter de façon gigantesque une peur sur les questions économiques et sociales". "Il y a une gigantesque attente d'assurance", estime-t-il. Alors que 8 millions de salariés sont au chômage partiel, beaucoup se demandent "s'ils vont retrouver leur poste, leur entreprise et qui paiera la note au bout du bout". Jérôme Fourquet s'interroge sur "une très forte inquiétude à laquelle pour l'instant le gouvernement ne répond pas".
Pour illustrer ses propos, le statisticien prend l'exemple "d'une vague qui a déferlé sur le pays et qui se retire progressivement". "Les Français, comme s'ils étaient au balcon, constatent sidérés et médusés, l'ampleur des dégâts économiques et sociaux que cette vague a causés", explique-t-il. "L'idée n'est pas de refermer le chapitre des masques, des tests et de comment on déconfine, mais il y a déjà un autre chapitre qui s'annonce et qui tétanise les Français", avertit Jérôme Fourquet.
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