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Jugée pour meurtre, une ex-employée de crèche reconnaît avoir donné du Destop à un bébé

"Je reconnais les faits mais ce n'était pas volontaire": une ancienne employée de crèche a reconnu mardi, à l'ouverture de son procès à Lyon, avoir administré du Destop à une fillette dont elle avait la garde, tout en niant avoir voulu la tuer.

OLIVIER CHASSIGNOLE - AFP

"Je reconnais les faits mais ce n'était pas volontaire": une ancienne employée de crèche a reconnu mardi, à l'ouverture de son procès à Lyon, avoir administré du Destop à une fillette dont elle avait la garde, tout en niant avoir voulu la tuer.

Myriam Jaouen, 30 ans, est accusée du meurtre de la petite Lisa, onze mois, qui a succombé en 2022 à cause des graves lésions causées par ce produit caustique.

La jeune femme, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, ne conteste pas les faits. Mais "je n'ai pas donné la mort volontairement", a-t-elle martelé devant la cour d'assises du Rhône, qui rendra son verdict jeudi.

En garde à vue, après de premières dénégations, elle avait déjà admis son geste, disant avoir agi parce qu'elle était "excédée par les pleurs" de la fillette. "Son idée, c'était de la faire taire", rappelle, à la barre des témoins, l'enquêtrice qui a mené l'audition.

"J'ai toujours aimé les enfants", assure pourtant Myriam Jaouen, quand le président de la cour l'interroge sur son choix d'un CAP petite enfance. "J'aimais bien les voir évoluer..."

Lors de l'enquête, des parents ont plutôt décrit une jeune femme ayant des difficultés à communiquer, "parfois dépassée" ou "un peu sèche", "peu à l'aise avec les enfants", relate l'un des enquêteurs.

"Elle ne savait pas faire", estime une de ses anciennes collègues qui avait signalé une possible erreur de recrutement auprès de la directrice. Elle n'avait toutefois jamais constaté de maltraitance.

- "Un graal" -

Appelé à témoigner, son père assure que Myriam Jaouen n'a "pas confiance en elle" et "tout le temps la peur d'être dénigrée". "Le moindre accroc à la routine, ça la panique", dit-il.

Me Sidonie Leblanc, L'Enfant Bleu - Enfance maltraitée, répond à la presse le 1er avril 2025 à Lyon, premier jour du procès aux assises de 
Myriam Jaouen

Me Sidonie Leblanc, L'Enfant Bleu - Enfance maltraitée, répond à la presse le 1er avril 2025 à Lyon, premier jour du procès aux assises de
Myriam Jaouen

OLIVIER CHASSIGNOLE - AFP

Le 22 juin 2022, la jeune employée était seule à l'ouverture de la micro-crèche lyonnaise "Danton rêve" du groupe People & Baby, où elle travaille depuis trois mois.

Un CDI vécu comme un "graal" par Myriam Jaouen et sa famille, après un parcours scolaire difficile, pénalisée notamment par une surdité partielle liée à des otites à répétition.

Ce matin-là, elle regarde des styles de coiffure sur son téléphone pendant que le père de Lisa dépose sa fille.

Ensuite, "ça se joue à quelques minutes", souligne la policière en charge de l'enquête de flagrance: le père de la fillette quitte la crèche à 7H59 et à 8H07, Myriam Jaouen fait une première recherche Google sur son téléphone : "Que faire quand un enfant a mangé déboucheur toilette ?".

Vers 8H10, deux mamans arrivent, et tombent sur la jeune employée paniquée, et l'enfant en train de vomir.

L'une d'elles appelle les secours. "Un appel glaçant (...) où on entend très distinctement les cris de l'enfant", explique à la barre l'enquêteur de la police judiciaire qui a pris le relais des investigations.

Inconsciente à l'arrivée des pompiers, l'enfant décède à l'hôpital.

- "Deux enjeux" -

Myriam Jaouen est interpellée vers 17h30, à la sortie d'un parc. Entre-temps, elle a fait du shopping dans un centre commercial.

Lors de l'enquête, elle a affirmé qu'elle ne savait pas que le Destop était un produit caustique ou encore avoir effectué un geste très rapide. Mais, au vu des lésions importantes, la quantité avalée "était forcément plus importante qu'une ingestion accidentelle", a estimé une des médecins ayant soigné l'enfant à l'hôpital.

L'accusée sera interrogée sur les faits mercredi, avant le réquisitoire et les plaidoiries jeudi.

Le drame a participé à la prise de conscience sur les dysfonctionnements des crèches privées, et notamment dans les micro-crèches qui accueillent au maximum 12 enfants et profitent d'un système dérogatoire.

Les "deux enjeux" du dossier sont la responsabilité de l'accusée et "la législation sur l'encadrement des micro-crèches", estime ainsi Me Jean Sannier, conseil de l'association Innocence en danger, constituée partie civile tout comme l'association L'Enfant Bleu - Enfance maltraitée, outre les parents et plusieurs membres de la famille de Lisa.

Ces derniers n'ont pas souhaité s'exprimer à ce stade d'un procès qui s'annonce éprouvant. La mère a ainsi quitté la salle d'audience temporairement au moment du témoignage sur les efforts de réanimation de sa fille.

Par Marine LAOUCHEZ / Lyon (AFP) / © 2025 AFP

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