"on réserve le mot rumeur pour des phénomènes plus diffus, et le mot bobard pour les phénomènes où on sait identifier les auteurs"
Une rumeur de kidnapping a engendré une chasse à l'homme aux Roms en banlieue parisienne, mais pas seulement. Les rumeurs de kidnapping explosent et deviennent dangereuses. Est-ce une fake news ou faut-il distinguer la fake news de la rumeur ou des bobards pour l'analyser ? Pour Gilles Dowek, chercheur en informatique à l'INRIA, professeur à l’école normale de Paris-Saqué, auteur du livre Ce dont on ne peut parler, il faut l’écrire (Le Pommier) et animateur de la conférence "Bobards, rumeurs, Fake news, quoi de nouveau…", visible sur Youtube, "le vocabulaire est fluctuant, chacun emploie les mots bobards, rumeurs comme il le souhaite. Cependant, on peut faire une petite différence entre des fakes news, des bobards qui seraient délibérément construits, une parole mensongère, des rumeurs dont on ne sait pas vraiment comment elles naissent et se construisent plutôt par amplification."
Cette rumeur, même si elle n'a pas un fondement sûr, il y a bien des personnes qui vont faire un signalement au comissariat ou en gendarmerie. "Mais il est difficile de dire qui est le coupable. En général, on réserve le mot rumeur pour ces phénomènes plus diffus, et le mot bobard pour les phénomènes où on sait identifier les auteurs. Mais les deux phénomènes sont assez proches."
"les gens racontent n'importe quoi depuis très longtemps, et c'est une propriété de la langue"
Avec les réseaux sociaux, il y a une amplification qu'il n'y avait pas auparavant. Pour éviter ça, faut-il mieux contrôler les réseaux sociaux ? "Il n'y a pas forcément beaucoup plus de rumeurs et de bobards qu'avant : en 1906, un biographe de Voltaire avait écrit n'importe quoi sur lui en lui attribuant de fausses déclarations par exemple, ou en 1260, une rumeur expliquait que les juifs enlevaient les enfants pour les tuer et boire leur sang. On retrouve quelques éléments de la rumeur d'aujourd'hui, avec un groupe stigmatisé et cette idée de s'attaquer aux enfants, à des individus vulnérables. Les gens racontent n'importe quoi depuis très longtemps, et c'est une propriété de la langue. Dès qu'on parle, on est capable de dire la vérité mais aussi de mentir ou de se tromper.
Avec les réseaux sociaux, il y a quand même deux choses nouvelles : on est mieux informé, on brasse beaucoup plus d'informations qu'avant et parmi elles, il y a forcément beaucoup plus de rumeurs, bobards ou fake news. Et dans le passé, il fallait être quelqu'un d'important pour avoir la possibilité de dire n'importe quoi et aujourd'hui, tout le monde a le droit de dire n'importe quoi".
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