Test manqué pour LFI à un an des municipales: la candidate LR Kristell Niasme a largement remporté dimanche l'élection municipale anticipée de Villeneuve Saint-Georges (Val-de-Marne) avec 49% des voix, devant le député Insoumis Louis Boyard et le maire sortant divers droite Philippe Gaudin.
L'ex-première adjointe passée dans l'opposition l'emporte avec 442 voix d'avance sur le candidat LFI (38,75%), malgré le maintien de Philippe Gaudin, qui n'obtient lui que 12,25%.
Son salut nazi en plein conseil municipal en avril 2024 avait entraîné la démission de plusieurs conseillers municipaux et la tenue de cette élection anticipée.
Pour ce second tour, la participation était en hausse avec près de 40% d'électeurs (39,69%) qui se sont déplacés, contre 33,45% au premier tour dimanche dernier.
La France insoumise a ainsi échoué à ce scrutin à un an des prochaines élections municipales et alors que le parti manque cruellement d'élus locaux.
Pourtant sur le papier, cette ville du sud du Val-de-Marne de quelque 35.000 habitants est un terreau fertile pour les ambitions municipales d'un mouvement qui concentre sa stratégie électorale sur la jeunesse et les quartiers populaires. Elle est la commune la plus défavorisée, avec un taux de pauvreté de 34%, et la plus jeune de ce département de banlieue parisienne.
Louis Boyard avait d'ailleurs été réélu député au second tour des législatives en juillet 2024 avec un score prometteur de 61% dans cette ville.
Au premier tour dimanche dernier, le député LFI de 24 ans était arrivé légèrement en tête avec 24,89% des voix contre 22,70% à sa rivale LR, la devançant de seulement 92 voix.
"Seule contre tous, LFI a rassemblé 38% des voix", a réagi Louis Boyard, qui s'est refusé à "porter un discours de défaite" dimanche soir, alors que lors des municipales de 2020, "la gauche rassemblée sans LFI avait fait 27% au second tour des élections".
"Où étaient nos camarades ?", s'est-il interrogé, en désignant les écologistes, les communistes et les socialistes. "Où étaient-ils quand on a imploré la fusion ? Ils n'étaient pas là", a-t-il dénoncé.
- La droite "vraiment de retour" -
"Les Villeneuvois ont envoyé un signal fort, ils ne veulent ni du chaos, ni de la faillite que représente #LFI, mais une maire courageuse et compétente", a salué sur X la présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse.
"La défaite sévère qu'a subie Louis Boyard est une bonne nouvelle pour les habitants, mais aussi pour tous les Français attachés à la République et à une certaine idée de la politique", a quant à lui tweeté le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. "Ce soir, la droite est vraiment de retour", a-t-il ajouté.
Lors de sa campagne, Mme Niasme avait misé sur un rejet du candidat Insoumis, le décrivant dans sa profession de foi comme un "apparatchik parachuté" et un "agitateur", animé par "une idéologie du chaos".
Louis Boyard avait répondu à l'anathème en appelant sur les réseaux sociaux à la "mobilisation" contre "l'extrême droite de Kristell Niasme".
"La responsabilité des forces de gauche qui ont refusé le rassemblement au second tour est immense. Les déclarations du Parti socialiste, reprenant les campagnes de dénigrement des médias fascistes contre la liste de Louis Boyard, auront contribué au maintien au pouvoir de la droite la plus extrême", a fustigé sur X le coordinateur de LFI, Manuel Bompard.
Même critique chez le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui a dénoncé une classe politique "uni[e] face à LFI". "Le score de Boyard est un acquis pour la prochaine municipale dans un an et pour toutes nos listes au premier tour", a-t-il toutefois souligné.
Arrivée en troisième position au premier tour, avec 20,70% des voix, la liste d'union de gauche PCF-EELV-PS s'était retirée et avait appelé à faire battre la droite, sans réussir pour autant à fusionner avec celle de Louis Boyard.
"Les Villeneuvois•es sont les grands perdants de la division à gauche, imposée d'en haut", a déploré sur X Daniel Henry, candidat PCF de cette liste.
Ancienne cité ouvrière, Villeneuve-Saint-Georges s'est développée autour de son imposante gare SNCF de triage avant de subir les affres de la désindustrialisation.
Marquée par son fort héritage cheminot, elle a été dirigée pendant plus de 30 ans par les communistes depuis la Seconde Guerre mondiale, dont récemment entre 2008 et 2020.
Par Margaux BERGEY / Créteil (AFP) / © 2025 AFP