Reportage Sud Radio de Christine Bouillot à Porta
Marius Hugon n’en finit plus de comparer ses cartes: en orange ce qui reste en France sur sa commune. En bleu, les 24 hectares qui viennent d'être attribués à la Principauté. Le maire de Porta de ce village des Pyrénées Orientales de 124 habitants est furieux. Le bornage de la nouvelle frontière s'est fait sans lui au beau milieu de l'été:
"Nous n'avons jamais été consultés sur le tracé de la nouvelle frontière. Cela s'est fait d'Etat à Etat. Quand le traité a été signé en 2012 (sous la présidence de François Hollande), nous avions demandé, nous les maires des deux cotés, d'être présents. La Police aux Frontières nous a assuré qu'ils viendraient et nous le diraient . Et puis, le 17 juillet dernier, j'ai appris par hasard, que les bornes avaient été posées pour délimiter la nouvelle frontière. On nous parle d'erreur technique mais j'aurai aimé être là en tant que maire."
L'histoire peut sembler anecdotique pour des terres et un lac situées à plus de 2000 d altitudes. Sauf que la commune va perdre des terres riches en eau : la source de l'Ariège est sous contrôle andorran. "La source de l'Ariège est maintenant en Andorre alors qu'elle a toujours été en France et sur la commune de Porta . Le lac, lui, est coupé en deux. En plein milieu. C'est une histoire d'eau, le besoin en eau. On sait que le Pas de la Case a besoin d'eau potable. On se sent spolié. J'aurai aimé que l'Etat nous défende", explique l'élu.
Jamais les deux pays n'avaient marqué officiellement la frontière. Coté andorran, on assure que tout s'est fait dans les règles. Les habitants de la ville d'Encamp, désormais plus grande de 24 hectares ne voient pas la polémique: "Cette histoire doit se régler entre élus. C'est politique", estime José, restaurateur à Encamp en Andorre.
En attendant, le maire de Porta espère interpeller le co-prince d'Andorre c'est à dire Emmanuel Macron, pour avoir l'usufruit de ces terres désormais étrangères.